Intervention de Chantal Guittet

Réunion du 12 février 2014 à 9h45
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaChantal Guittet, co-rapporteure :

Le prix du pétrole qui équilibre le budget fédéral russe est d'environ 110 dollars. Ce prix a doublé de 2007 à 2012 et la dépendance de l'économie russe à la balance énergétique pose évidemment question en cas de retournement des prix des hydrocarbures.

Concernant les droits de l'homme, il faut en parler avec les autorités russes. Une des qualités des Russes est ce que l'un de vous a qualifié de « rudesse », c'est-à-dire le fait qu'ils disent ce qu'ils pensent sans détour. Ils aiment le dialogue franc et direct et acceptent que l'on puisse ne pas être d'accord avec eux. Ils disent qu'en matière de droits de l'homme, ils ont une conception différente de la démocratie. C'est certes une façon de détourner le sujet, mais cela nous rappelle qu'un partenariat signifie avoir des objectifs communs, mais aussi des divergences à dépasser.

Concernant la population, la démographie russe a été longtemps inquiétante, avec une mortalité élevée et une natalité faible. L'indice synthétique de fécondité s'est relevé à 1,7 enfant par femme et 300 000 migrants arrivent en Russie chaque année, surtout en provenance du Caucase et d'Asie centrale – plusieurs millions d'étrangers vivent en Russie –, tandis que les Russes sont beaucoup moins nombreux qu'avant à quitter leur pays. Il ne fait pas de doute que la Russie ne peut pas faire autrement que d'être une terre d'immigration.

Le système de santé a connu des évolutions. Les Russes étaient très forts dans certaines spécialités, comme l'oto-rhino-laryngologie (ORL), mais la santé est devenue moins prioritaire que le réarmement et le service public de santé s'est dégradé. L'Organisation mondiale de la santé relève aussi des manques dans le traitement du sida et de la tuberculose, ce qui a un lien avec l'attitude vis-à-vis des homosexuels en Russie.

L'adoption d'enfants russes en France demeure un vrai sujet. Il semble que beaucoup de dossiers se débloquent et je reçois de nombreuses lettres de remerciements adressées à notre commission pour avoir accéléré le processus. Ce qui ne se débloquera pas, c'est que les célibataires ne pourront plus adopter : j'ai été informée d'enfants déjà « apparentés » avec des célibataires qui ont été ré-attribués à une nouvelle famille, russe cette fois, avec une incitation financière. Mme Mizoulina, la présidente de la commission des affaires sociales de la Douma, m'a indiqué que la politique russe consistait désormais à limiter l'adoption d'enfants russes hors des frontières pour que ces enfants restent en Russie, ce qui est tout à fait compréhensible. Pour ce qui est du suivi, l'inquiétude des Russes est qu'un enfant abandonné puisse être confié ensuite à des homosexuels. J'ai expliqué la procédure de placement des enfants en France, le rôle des institutions, du juge des enfants, de sorte que ce genre de situations n'arrivera pas, mais qu'un suivi jusqu'à la majorité est ingérable et risque d'entraîner un rejet par les enfants de leur pays d'origine. Mme Mizoulina m'a dit que le souhait était que ce suivi soit limité à des cas de figure très exceptionnels au-delà des trois premières années. Qu'est-ce qu'il faut entendre par là ? Nous sommes convenus de nous revoir dans un an à ce sujet et il est important que cette nouvelle rencontre ait lieu.

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