Si vous promettez à ceux qui consomment 40 à 50 % de l'électricité un prix dumping alors que l'Europe doit remplacer les deux tiers des centrales nucléaires et moderniser un réseau vieux de plus de 30 ans, il faudra faire payer les PME et les citoyens. Un rapport de la Banque publique allemande indique que depuis 30 ans, les prix de l'électricité pour les industriels sont moitié moins élevés aux États-Unis qu'en Allemagne. Pourtant l'industrie allemande est plus compétitive que l'industrie américaine : c'est que l'outil industriel européen est beaucoup plus productif et que nous sommes plus efficaces.
Selon Fatih Birol, d'ici à 2035, le prix de l'électricité sera légèrement plus élevé en Europe qu'en Chine, en Inde et aux États-Unis. N'allez pas croire qu'il baissera encore – sauf à trouver des budgets publics pour financer les investissements nécessaires.
La seule défense pour l'Europe est de rester la meilleure en matière d'efficacité énergétique. Je me bats à Bruxelles pour que les autorités européennes fixent un objectif contraignant et réduisent notre dépendance géopolitique. La dette énergétique de l'Europe – 500 milliards par an, soit 4 % de son produit brut – est plus élevée que la dette de la Grèce, de l'Espagne, du Portugal, de l'Irlande et de la France, et elle constitue le plus gros transfert de richesse entre un continent et les autres. C'est une gabegie monstrueuse. Au lieu de cela, nous pourrions créer de l'emploi en Europe en rénovant les bâtiments, nous pourrions aider les PME et les industriels à retrouver de la compétitivité. En bref, l'efficacité énergétique est plus importante que le développement des énergies renouvelables.