Lorsque nous sommes confrontés à un problème de confidentialité, nos ingénieurs vont travailler dans les locaux d'EDF. Toutefois, cela ne représente qu'une faible part de nos activités d'ingénierie et d'études de réalisation.
En ce qui concerne les injonctions prononcées par l'ASN, nous sommes dotés au sein de nos entreprises de notre propre inspection du travail, qui peut s'entendre avec l'ASN pour réaliser des audits de terrain. En cas de signalement, l'inspecteur du travail ne fait aucune différence, dans ses rapports, entre EDF et les entreprises exécutantes. Nous recevons alors un courrier nous enjoignant de prendre les mesures consécutives aux constats réalisés.
En ce qui concerne la courbe de charge pour 2015, nous sommes confrontés à un grand manque de visibilité. On nous a parlé des pics d'activité qu'impliquera le grand carénage, mais nous avons beaucoup de mal à appréhender la prestation qui pourra nous être confiée et la manière dont le volume global d'activité sera réparti entre les différentes entreprises. Compte tenu de ces difficultés, nous avons tous embauché en 2013, suivant en cela la démarche d'EDF. Cela étant, les contrats, qui restent en cours de négociation, tardent à se concrétiser. Or une entreprise ne peut continuer à embaucher sans savoir comment s'organiser tant sur le plan économique qu'en termes de métiers et de régions concernées. Les formations constituant un investissement lourd, les entreprises ont besoin de s'assurer de la pérennité des besoins.
S'agissant de l'éventuel recours à des entreprises étrangères, EDF a souvent exprimé des doutes quant à la capacité industrielle des entreprises françaises à réaliser les travaux nécessaires dans un contexte de pics de charge importants. Le président du groupe ORTEC, André Einaudi, a donc pris le fanion en créant un club de France des entreprises nucléaires, équipe informelle réunissant tous les corps d'État, afin de faire preuve de volontarisme et de démontrer à notre client EDF la capacité des entreprises françaises à embaucher et à développer l'emploi national. Encore faut-il – une nouvelle fois – que nous disposions d'une réelle visibilité.
Parce qu'EDF nous l'a demandé, notre groupe comprend des entreprises étrangères. Or, si les ouvriers étrangers sont aussi compétents que les Français, nous entrons vite en conflit avec eux en raison de problèmes linguistiques et culturels – tenant certes à des différences de culture nationale, mais aussi de culture de la sûreté.
En matière de formation, le groupe ORTEC, comme toutes les entreprises présentes à cette table ronde, a créé sa propre école réservée à ses métiers spécifiques, qu'il ne retrouvait pas dans les centres de formation classiques. Notre but n'est bien sûr pas de faire de la formation notre métier principal. EDF met à notre disposition ses académies des métiers ainsi que ses centres de formation de Tricastin et de Bugey, afin que nos propres salariés puissent manipuler les différents équipements.
Certes, les arrêts de tranche sont plus courts et nos salariés doivent parfois travailler le week-end et faire des heures supplémentaires. Mais la situation a bien changé depuis trente ans ; nous veillons scrupuleusement à respecter les règles de temps de travail et à ne pas faire travailler nos salariés plus de six jours consécutifs. Il est vrai que certains d'entre eux doivent travailler le week-end, mais cela fait partie de notre prestation de services. S'ajoute à cela un important effet de saisonnalité : le nombre d'heures à fournir n'est pas le même en hiver et en été, et nous devons pratiquer des modulations.
Quant à nos perspectives d'embauche, elles sont liées au besoin de visibilité dont j'ai déjà parlé. En 2013, notre groupe a choisi d'embaucher 100 personnes, afin notamment d'assumer le renouvellement consécutif aux départs à la retraite. Nous avons également diminué la part d'intérimaires que nous employions pour parvenir à un solde d'embauche quasi nul. Nous tablons sur des prévisions d'embauche de 100 salariés par an.
L'industrie nucléaire est plutôt un secteur où l'on s'intéresse à l'homme et où l'on veille aux conditions de travail opérationnelles des différents acteurs. En ce qui concerne les « nomades du nucléaire », il existe aujourd'hui des organisations de suivi de la dosimétrie. Et s'il est vrai que 80 % de la dosimétrie concerne les salariés des entreprises sous-traitantes, les débits de dose reçus restent cependant extrêmement faibles : 90 % de mes employés sont exposés à moins d'un millisievert par an et seuls cinq à six cas isolés par an se voient exposés à sept ou huit millisieverts.
Quant à la fermeture de Fessenheim, elle conduirait évidemment mon groupe à perdre des contrats, puisque nous y sommes installés. Il m'est en revanche difficile d'extrapoler sur les conséquences globales de cette décision.