Je vous remercie de prendre en compte le point de vue des organisations syndicales, tout en m'étonnant qu'il faille chercher entre les lignes du long intitulé de votre commission d'enquête pour y trouver un objet social et salarial. Pour les salariés, la question du coût est quelque peu épidermique, voire stigmatisante : sans doute l'expression « bénéfices passés, présents et futurs » eût-elle été plus heureuse à leurs yeux.
Cela dit, les coûts s'apprécient par rapport aux bénéfices : à cet égard, l'Agence des participations de l'État n'est sans doute pas perdante. Nous nous interrogeons d'ailleurs sur le taux de redistribution des bénéfices de l'entreprise – qui atteint de 55 à 65 % –, notamment au regard de la lourdeur des investissements à venir.
Le mix énergétique est un sujet qui occupe plusieurs fédérations de la Confédération française démocratique du travail (CFDT), notamment celle de la chimie et de l'énergie et celle de la métallurgie ; il a donc fait l'objet de délibérations au niveau confédéral, dont il ressort que l'objectif de porter à 60 % la part du nucléaire dans ce mix à l'horizon 2030 paraît réaliste ; mais cette cible peut, bien entendu, évoluer en fonction de l'intensité de la reprise économique.
Par ailleurs, nous estimons raisonnable de fixer à cinquante ans la durée de vie des installations. Il ne s'agit, là encore, que d'un repère, car la longévité dépend d'abord du vieillissement des matériaux et de la résistance au bombardement neutronique. En ce domaine, la décision appartient à l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) : les salariés de la filière comprennent très bien qu'en cas de défaut majeur, une installation peut fermer du jour au lendemain. À l'inverse, si le vieillissement est moins avancé que prévu, nous pensons qu'une prolongation, étape par étape, doit être envisagée afin de garder en vie, le plus longtemps possible, ce qui est un actif national.