EDF est une entreprise très capitalistique dont le retour sur investissement s'évalue à horizon décennal. Indépendamment du statut juridique, l'État actionnaire majoritaire n'a jamais laissé l'entreprise constituer des réserves pour faire face à l'enchaînement des cycles de construction et d'exploitation. EDF aborde le prochain cycle de réinvestissement – rénovation des centrales actuelles et construction d'autres centrales en France et à l'étranger – avec une dette et un taux de prédation du dividende élevés. Dans la perspective du mur d'investissement, les leviers ne sont pas si nombreux : en dehors de la diversification de la dette et l'allongement de son remboursement sur les cent prochaines années obtenus par le service financier d'EDF, l'activation de la diminution du taux de distribution du dividende, du dégagement de marges de manoeuvre endogènes, et du transfert d'une partie du capital de l'État vers les fonds propres de l'entreprise – option qui paraît douteuse au vu de l'état des finances publiques –, apparaît problématique.
La CFDT considère que la montée en puissance des énergies renouvelables (EnR) et le maintien des outils de production actuels sont compatibles et tous deux indispensables. Dans ce cadre, fermer la centrale de Fessenheim reviendrait à se priver de création de valeur, alors que, hormis quelques sites d'éolien terrestre, les EnR n'ont pas atteint la maturité suffisante pour être autoportantes sans subvention publique. À Fessenheim, le nombre d'emplois détruits dépasserait largement celui des emplois créés ; le centre d'ingénierie, de déconstruction et d'environnement (CIDEN), situé à Lyon, travaille déjà sur les techniques de déconstruction, si bien que peu de nouveaux postes seraient nécessaires, les emplois de démantèlement n'étant pas les mêmes que les emplois d'exploitation.
De même, en matière de passerelles, la filiale EDF Énergies nouvelles, qui assure le développement des EnR, n'appartient pas à la catégorie des IEG, ce qui rend difficile la mobilité salariale pour des raisons de statut, notamment au regard des droits à la retraite. La solution du « Pack Rem globale » permet de lever une partie des obstacles.
Nous sommes très attachés à la formation. Chaque CNPE comporte une base de formation et un simulateur sur lequel les exploitants peuvent se confronter à des scénarios ultimes, comme la perte de contrôle de l'installation. Outre qu'il permet de renforcer la sûreté, cet outil présente l'avantage de briser la routine du fonctionnement de la centrale ou de l'EPR.
En matière de suivi de dose, tout salarié, qu'il soit d'EDF ou d'une entreprise sous-traitante, doit passer par des contrôles d'accès. Il est difficile d'y échapper. Une bonne gestion prévisionnelle des emplois et des compétences de la filière doit permettre d'anticiper et de proposer au salarié proche d'une limite de dose maximale de travailler dans une activité moins exposée.
Il fut un temps où EDF, Areva et même Total se tiraient dans les jambes pour attirer à elles les salariés des entreprises prestataires. Depuis le rapport de M. François Roussely sur l'avenir de la filière française du nucléaire civil, tout le monde a conscience que « l'équipe de France nucléaire » gagnera ou perdra ensemble : le temps où les dirigeants d'EDF se gaussaient des déboires d'Areva, et inversement, est heureusement révolu ; quant aux salariés, les ingénieurs des deux entreprises ont toujours travaillé en étroite collaboration.