Intervention de Philippe Page

Réunion du 13 février 2014 à 11h00
Commission d'enquête relative aux coûts passés, présents et futurs de la filière nucléaire, à la durée d'exploitation des réacteurs et à divers aspects économiques et financiers de la production et de la commercialisation de l'électricité nucléaire

Philippe Page, FNME-CGT :

Il convient d'analyser une telle estimation avec du recul, car rares sont les tâches des sous-traitants qui s'accomplissent sans aucune participation des agents statutaires.

À nos yeux, la formation et l'attachement à l'outil de travail sont des éléments fondamentaux, qui contribuent à accroître la sûreté et qui se trouvent plus développés chez les agents appartenant à l'entreprise.

Les doses ont massivement diminué ces dernières années pour la population statutaire comme prestataire. D'importants efforts ont été consentis pour éliminer les nombreux points chauds dans les circuits des bâtiments réacteur très riches en doses. Aucun salarié ne dépasse les seuils, mais la répartition des doses entre les agents statutaires et les prestataires reste la même et s'établit à 80 % pour les seconds, voire à un taux légèrement supérieur. Par ailleurs, nous n'avons pas relevé de cas où des salariés tricheraient sur l'enregistrement de leur dose, alors même que ceux-ci ne risquent plus de perdre leur emploi en cas de mauvais niveau.

La CGT n'a pas signé l'accord dit DPN, considérant que la ventilation des 6 000 embauches était trop défavorable au collège « exécution ». Elle souhaite que ce collège bénéficie d'un flux plus élevé de recrutements, afin que l'entreprise conserve dans les services les compétences techniques et, ainsi, la maîtrise complète des installations. Or, lorsque l'on ne recrute que des agents de bac +2 à bac +5, il est délicat de les maintenir dix ans à un poste de technicien.

La décision de fermeture de la centrale de Fessenheim n'a pas d'autre sens que politique. Il s'agit d'une centrale rénovée et jugée sûre par l'ASN, ce qui pose la question du crédit de cette Autorité puisque ses avis ne sont pas suivis. Nous sommes très opposés à cet arrêt qui dégradera la situation énergétique, et nous tenons à votre disposition des études mettant en avant la détérioration sociale, énergétique et environnementale qu'il entraînera. Le démantèlement d'une centrale entraîne une diminution de 90 % du nombre des personnes employées sur le site.

La CGT est favorable à l'extension de la filière des EPR ; elle n'appartient à aucun lobby, si ce n'est celui de la réponse aux besoins énergétiques du pays. Les EPR représentent des outils de service public pour répondre aux besoins en matière de production d'électricité.

Des externalisations d'activité ont été opérées au cours des dix dernières années. Il est difficile d'obtenir le nombre de sous-traitants permanents sur chaque site ; on les évalue à plus de 8 000 pour les sites et à 22 000 pour l'ensemble de l'entreprise. L'activité de laverie des combinaisons des salariés intervenant en zone contrôlée a été sous-traitée depuis dix ans sur les sites les plus récents. Malgré notre opposition, il en va de même pour les magasins où sont traitées les pièces de rechange et pour les activités tertiaires telles que le secrétariat ou l'accueil. C'est ainsi que s'est développé le « tertiaire diffus », par greffage sur les activités techniciennes ou par multiplication des emplois précaires.

Quelques activités sont réinternalisées, mais cela ne diminue pas notre vigilance, car la direction pourrait décider d'en externaliser d'autres. Ainsi, après la décision du site de Saint-Laurent de sous-traiter la déminéralisation des circuits d'eau, notre mobilisation a contraint la direction à refuser cette évolution pour les autres sites – nous souhaitons néanmoins que cette activité soit réinternalisée à Saint-Laurent.

Des représentants des salariés doivent être présents sur chaque site, y compris sur des chantiers de construction, afin d'éviter que puissent se reproduire les incidents de travail dissimulé de la société Atlanco à Flamanville. Des comités d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) doivent également pouvoir être créés, et les personnels doivent pouvoir s'entretenir avec des organisations syndicales. Sur le site de l'EPR à Flamanville, la situation s'est améliorée, mais des salariés voulant représenter leurs collègues ont été licenciés ou mutés à l'autre bout du monde par le groupe Bouygues. Il ne doit pas exister de zone de non droit, même sur un chantier !

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