Toute la difficulté est en effet d'adapter ce concept d'expériences vécues et de rencontres à la trame un peu vieillotte des expositions universelles. La France a été un des grands acteurs de ces événements au XIXe siècle. L'enjeu du projet actuel n'est-il pas de réinventer un système qui consiste à se rencontrer pour créer du progrès et pour donner du sens à ce progrès, et de s'affranchir du classicisme, voire du conservatisme, qui accompagne les expositions universelles ? Faire la queue pendant des heures devant un pavillon où seule l'industrie locale est présentée n'a plus beaucoup de sens. Est-il possible de réinventer l'ADN des expositions universelles au XXIe siècle et de le mettre en phase avec l'expérience que veulent vivre les jeunes ?
Les étudiants de grandes écoles et d'universités que nous avons sollicités pour travailler sur le projet de 2025 emploient sans arrêt, comme vous, les mots d'« expérience » et de « rencontres ». Le gigantisme des pavillons ne retient pas leur attention, contrairement à la co-construction, à la collaboration ou à la réinvention des chaînes de valeur. Le défi est de faire entrer ces nouvelles valeurs dans une matrice qui reste quelque peu conservatrice. Lors de son audition, le Bureau international des expositions s'est montré très ferme quant au respect de son cahier des charges. Nous ne devons pas nous attendre à un remodelage, d'autant qu'il a déjà opposé un refus à la France pour le projet d'exposition universelle du bicentenaire de la Révolution.