Tout à fait, avec une réserve cependant : le contrôle se fait très souvent par échantillonnage. Même si l'ASN procède à de fréquentes inspections du chantier, il est bien évident qu'elle peut passer à côté de problèmes. Certains seront déclarés directement par l'exploitant, mais pas forcément tous.
Je profite de ce que j'interviens devant la représentation nationale pour souligner qu'il faudra veiller, dans les années qui viennent, à procurer un niveau de ressources suffisant à l'ASN. Avec les mesures post-Fukushima et le démarrage de l'EPR, elle aura besoin de moyens financiers et humains !
S'agissant des mesures post-Fukushima, les nouvelles exigences ont été limitées. On a renforcé la protection volumétrique et la protection contre l'inondation. Partant du principe qu'une vague de submersion pourrait inonder la plateforme – bien que celle-ci soit à douze mètres au-dessus du niveau maximal de la mer –, il a été demandé de rendre étanches les bâtiments des groupes électrogènes de secours ; l'ASN a refusé par deux fois les propositions d'EDF concernant les portes, mais une amélioration de la protection volumétrique est en cours. Un débat a éclaté entre experts pour savoir s'il n'aurait pas mieux valu installer les groupes électrogènes sur la falaise de Flamanville. Certains au sein de la CLI, y compris des personnes pro-nucléaires, trouvent qu'il est dommage de ne pas l'avoir fait. Le problème, c'est qu'une telle solution ne pourrait pas être appliquée à Blayais ou à Gravelines, où il n'y a pas de falaises.
On procède aussi à des vérifications concernant le risque sismique : on s'est aperçu que les réserves d'eau sur la falaise de Flamanville étaient résistantes à un tel risque, de même que le réacteur, mais que les tuyauteries intermédiaires ne l'étaient pas. Le sujet est en discussion – sachant que ce sont toujours les délais qui font problème. Il existe aussi un conflit entre Alstom et EDF à propos des groupes diesel, les groupes provisoires n'étant pas à la hauteur de ce qui était attendu. L'ASN a exigé qu'ils soient remplacés avant 2018 : souhaitons qu'elle aura les moyens de coercition nécessaires pour que ce soit fait rapidement.
Quant aux autres réacteurs de troisième génération, ils sont plus petits, à la fois en taille et en capacité : 1 000 mégawatts au lieu de 1 650. C'est une différence importante, car en cas d'accident grave, la quantité de matériau radioactif en jeu ne serait pas la même. Le dimensionnement du réacteur est pour nous une question centrale.