Intervention de Yannick Rousselet

Réunion du 27 février 2014 à 10h00
Commission d'enquête relative aux coûts passés, présents et futurs de la filière nucléaire, à la durée d'exploitation des réacteurs et à divers aspects économiques et financiers de la production et de la commercialisation de l'électricité nucléaire

Yannick Rousselet :

Les centrales du parc français étaient déjà équipées de recombineurs d'hydrogène avant l'accident de Fukushima ; il est évident qu'il eût été préférable qu'il y en ait au Japon. Il n'empêche qu'il ne s'agit que d'une solution partielle. La difficulté est de positionner ces recombineurs à bon escient. La gestion des dégagements d'hydrogène est très complexe ; toutes les études produites par l'IRSN sur la question montrent que si une bulle d'hydrogène se créait aujourd'hui dans un réacteur, les recombineurs pourraient limiter le risque d'explosion à condition qu'ils se trouvent à proximité de l'événement, et il n'est pas garanti que la totalité de l'hydrogène serait alors annihilée. En outre, il y a des recombineurs dans les enceintes de confinement, mais pas dans les piscines d'entreposage ; or, à Fukushima, il y a également eu un problème dans celles-ci. Nous sommes sur ce point en désaccord avec l'ASN, à qui nous avons demandé d'examiner la possibilité d'imposer aux exploitants la présence de recombineurs dans les bâtiments des piscines d'entreposage.

Votre question sur les militants me semble en effet un peu hors sujet. La femme en question avait quatre-vingt quatre ans, et a jeté de la peinture sur un bâtiment réacteur – comme quoi il semblerait que l'on puisse s'introduire facilement dans les centrales américaines. Il est évident que la sanction nous apparaît scandaleuse : cette femme a simplement voulu attirer l'attention sur un problème. Quant à la responsabilité de nos actions, nous la prenons, parce que nous estimons que les risques que font courir les centrales nucléaires sont autrement importants. Nous veillons à toujours très bien préparer nos opérations, de manière à assurer la sécurité des personnes qui nous accompagnent ; jamais nous n'avons voulu attenter à la sûreté des installations. Au contraire, nos actions ont permis d'ouvrir des débats, y compris au sein des instances officielles. Par exemple, une discussion de plus de deux heures a eu lieu au Haut Comité pour la transparence et l'information sur la sécurité nucléaire à propos de la fragilité de la sécurité des centrales. On m'a demandé d'introduire le débat en expliquant comment nous avions fait pour pénétrer dans la centrale du Tricastin ; puis le Haut fonctionnaire de défense et de sécurité a donné son opinion, ainsi que le représentant d'EDF.

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