Intervention de Cyrille Cormier

Réunion du 27 février 2014 à 10h00
Commission d'enquête relative aux coûts passés, présents et futurs de la filière nucléaire, à la durée d'exploitation des réacteurs et à divers aspects économiques et financiers de la production et de la commercialisation de l'électricité nucléaire

Cyrille Cormier :

L'Allemagne a en effet un problème d'émission de gaz à effet de serre et une part historiquement importante de sa production d'électricité est issue du charbon. C'est un point sur lequel travaillent nos collègues en Allemagne : selon Greenpeace, la transition énergétique doit comporter une sortie du nucléaire et une sortie du charbon. Notre objectif est de réduire l'ensemble des risques que comporte la production énergétique, qu'il s'agisse de ceux liés au nucléaire ou de ceux liés aux émissions de gaz à effet de serre. La transition énergétique suppose le développement de sources d'énergie renouvelable, une meilleure adéquation de la production à la demande et une plus grande flexibilité du réseau et des moyens de production. Nous avons salué la décision de l'Allemagne de sortir du nucléaire, mais nous n'avons cessé de dire qu'il fallait qu'elle s'accompagne d'un plan de sortie de l'utilisation du charbon dans la production d'électricité et d'un programme de réduction des gaz à effet de serre.

Sur ce point, vous avez raison, on observe une augmentation des émissions en 2012 et en 2013 en Allemagne, mais il convient de préciser que celles-ci font suite à quinze années de réduction continue. Je ne veux pas excuser les hausses récentes, mais il faut les mettre en perspective.

Enfin, l'Allemagne gère sa production en fonction de la situation des marchés de gros de l'électricité et utilise préférentiellement le mode de production le moins cher, c'est-à-dire, le plus souvent, le charbon.

S'agissant de l'évolution prévisible de la consommation d'électricité, j'attire votre attention sur le fait que, dans le schéma décennal et le bilan prévisionnel mis à jour en 2013, RTE a prévu plusieurs scénarios ; 2 % est l'hypothèse haute, l'hypothèse basse étant une diminution de la consommation d'électricité.

Certains scénarios proposés dans le cadre du débat national sur la transition énergétique – notamment par Greenpeace et négaWatt – se fondent sur une forte baisse de la consommation d'électricité, sans que cela ait nécessairement des répercussions négatives sur l'économie et sur la croissance du PIB. En outre, les scénarios de RTE – dont celui que vous mentionnez – ne tiennent pas compte des objectifs gouvernementaux de rénovation énergétique des logements et de réduction par deux de la consommation d'énergie à l'horizon 2050. Il est de la responsabilité du Gouvernement et du Parlement de proposer dans les prochains mois des mesures qui permettront de véritablement maîtriser la consommation d'électricité.

Enfin, lorsqu'on considère la totalité des scénarios proposés dans le cadre du débat sur la transition énergétique – il y en avait près de vingt –, on s'aperçoit que ceux qui permettront d'atteindre l'objectif « facteur 4 » sont ceux qui, d'une part, divisent par deux la consommation d'énergie, d'autre part réduisent très fortement la part du nucléaire.

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