Votre tâche ne va pas être facile, monsieur Machenaud ! Selon les représentants de l'Autorité de sûreté nucléaire que nous avons auditionnés, il a fallu prendre le temps de corriger les erreurs, voire les malfaçons, dont a pâti le chantier de l'EPR de Flamanville. À en croire le directeur de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), la conception même de l'EPR pourrait être contestée, en particulier le choix de sa puissance, qui pourrait poser des problèmes à l'avenir. Quant aux représentants de Greenpeace que nous venons d'entendre, vous connaissez leur point de vue : M. Rousselet, souvent présent à proximité du site, s'exprime régulièrement sur la question.
Nous souhaitons vous interroger moins sur la pertinence du concept d'EPR – dont EDF ne doit pas douter, sans quoi elle ne se serait pas lancée dans sa construction – que sur son coût et sa capacité à résister à tous types de sinistres. Quelle part des surcoûts et des délais de construction faut-il attribuer à sa qualité de prototype ? Que doivent-ils à l'accident de Fukushima, survenu en cours de chantier, et aux pertes de compétence que la filière nucléaire, a subies de l'avis général, en particulier au stade de la construction des centrales ? L'exemple finlandais montre en tout cas à quelles difficultés on peut se heurter avant de parvenir à un réacteur opérationnel de ce type.
Comment assurer à la filière de l'EPR un équilibre économique raisonnable et raisonné ? Dans quelle mesure le prototype de Flamanville est-il destiné à rester singulier ou préfigure-t-il l'avenir ?
Conformément aux dispositions de l'article 6 de l'ordonnance du 17 novembre 1958, je vous demande de prêter serment de dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité.