Je vous prie de m'excuser et je vais m'efforcer de vous répondre de manière aussi précise et complète que possible, en m'appuyant d'abord sur les données objectives et connues, en essayant ensuite de tirer les leçons de l'expérience d'EDF dans la construction du parc nucléaire.
Le coût de construction de Flamanville 3 est aujourd'hui estimé à 8,5 milliards d'euros. C'est le budget que nous avons annoncé il y a près de deux ans. Sur ce total, 900 millions environ sont identifiés comme des coûts propres à la tête de série, liés essentiellement à de l'ingénierie, et amortissables sur la série. Il faut aussi tenir compte des difficultés, également propres à la tête de série, de mise en oeuvre du génie civil, qui nous ont causé bien des ennuis liés à l'évolution de la préparation, en particulier à des évolutions techniques auxquelles on a procédé de manière quelque peu théorique et insuffisamment adaptée à la réalité industrielle. En d'autres termes, nous nous sommes fixé à nous-mêmes des contraintes qui n'étaient ni constructives ni réalistes du point de vue industriel. Nous évaluons à 1,5 milliard d'euros environ le coût de ces difficultés et des retards qui s'ensuivent. Ces deux calculs ramènent le coût de l'EPR à 6 ou 6,5 milliards d'euros.
Le fait de reprendre la construction après quinze ans d'interruption a mobilisé non seulement EDF, mais l'ensemble de l'industrie. En matière industrielle, l'efficacité résulte essentiellement de la pratique. Si Taishan a été un tel succès, aussi rapide, cela résulte du retour d'expérience joint au fait que les entreprises chinoises construisent dix centrales nucléaires par an. La tête de série du 1 300 MW de Paluel 1 a coûté 25 % de plus que l'ensemble de la série du 1 300 MW ; pour le palier N4, les deux tranches de Chooz B ont coûté 25 % de plus que les deux tranches de Civaux, mais la première, Chooz B1, a coûté deux fois plus cher, en raison d'accidents technologiques touchant en particulier le contrôle commande.
Nous pouvons donc raisonnablement espérer obtenir une baisse de l'ordre de 25 % – par rapport aux 8,5 milliards d'euros annoncés – grâce à l'effet de standardisation, formule que je préfère à celle d'« effet de série », ou à l'effet d'apprentissage.