Intervention de Hervé Machenaud

Réunion du 27 février 2014 à 11h00
Commission d'enquête relative aux coûts passés, présents et futurs de la filière nucléaire, à la durée d'exploitation des réacteurs et à divers aspects économiques et financiers de la production et de la commercialisation de l'électricité nucléaire

Hervé Machenaud, directeur exécutif du groupe Production et Ingénierie d'EDF :

En ce qui concerne la compétitivité, au niveau dont nous parlons et compte tenu des objectifs fixés à l'EPR optimisé et aux modèles qui en dériveront – puisque c'est l'activité industrielle qui permet de réduire substantiellement les coûts –, je maintiens qu'il n'existe à mes yeux aucun moyen alternatif dont le coût de production soit aussi faible.

À titre de comparaison, le coût d'un cycle combiné à gaz, sur lequel nous n'avons aucun contrôle, est aujourd'hui de 70 à 100 euros par MWh – pour combien de temps ? Quant aux énergies renouvelables, leur intermittence entraîne des surcoûts, de sorte que même l'éolien terrestre, le plus économique, est aujourd'hui très au-dessus des 100 euros, pour ne rien dire de l'éolien offshore ni du solaire.

Et je ne parle même pas des conséquences de cette intermittence sur l'équilibre global du mix énergétique ni du fait, toujours passé sous silence, que ces énergies renouvelables ne permettent pas une couverture systématique de la pointe de consommation –par exemple celle d'un soir de février où l'Europe se retrouve prise dans une zone de haute pression. Bref, il ne peut s'agir que d'une source d'énergie complémentaire. Il faut donc conserver les autres moyens nécessaires à la production le jour de la pointe, mais ces autres moyens arrêtés lorsqu'il y a du vent perdent alors en compétitivité et en rentabilité, ce qui renchérit encore le coût réel moyen de la production.

Dès lors, pour disposer d'une production durablement stable et mobilisable au moment où on en a besoin, l'EPR reste de loin le moyen le plus compétitif.

S'agissant du cycle du combustible, avec l'EPR, la production de déchets ultimes par kW est relativement réduite. L'utilisation de MOX pourrait donc être envisagée parmi les pistes d'optimisation. Mais, aujourd'hui, on « moxe » l'équivalent de notre production annuelle de plutonium. L'équilibre concerne donc la matière plus que le mode de production.

Plus généralement, nous avons été interrompus dans un processus d'amélioration continue de l'efficacité industrielle des réacteurs nucléaires en France. Nous améliorons constamment la sûreté de nos centrales par des modifications qui résultent de retours d'expérience, de sorte que les centrales conservent le même niveau de sûreté grâce à l'effet de standardisation. C'est cette standardisation progressive qui fait la force du parc nucléaire français : dès que l'on trouve une nouveauté, on l'installe dans l'ensemble du parc.

C'est ce processus que nous devons poursuivre. Nous observons les difficultés que nous rencontrons en construisant l'EPR, nous verrons en l'exploitant comment l'améliorer peu à peu et nous intégrerons ces améliorations au modèle suivant. On peut par exemple se demander s'il est plus sûr d'avoir deux enceintes qu'une seule, cinq trains de sûreté plutôt que deux. Bref, nous devons procéder à une analyse approfondie de la sûreté ; elle est en cours.

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