oilà presque deux ans que le groupement d'intérêt public (GIP) que je préside a été créé pour travailler sur le centenaire. À quelques mois du premier rendez-vous de l'année 2014, le temps est venu de dresser un premier bilan et de vous faire part de mes motifs de préoccupation et de satisfaction.
Le 18 mars prochain, le conseil d'administration se réunira pour la huitième fois et l'assemblée générale, pour la quatrième fois. Ces réunions attestent de l'engagement du groupement pour remplir les trois missions qui lui ont été confiées.
La première de ces missions est de préparer les événements commémoratifs nationaux, annoncés par le Président de la République dans son discours du 7 novembre et qui sont sur le point d'être finalisés.
Le deuxième rôle, qui nous a le plus occupés et a demandé une grande débauche d'énergie, consiste à coordonner et accompagner les projets qui constituent ce que l'on pourrait qualifier de centenaire des Français ou de centenaire de la France d'en bas. La mission labellise les projets, transmis par les comités départementaux et les comités académiques du Centenaire, qui émanent de particuliers, d'associations, de collectivités territoriales ou encore d'établissements scolaires. Les comités contribuent à l'information dans les territoires et accompagnent les nombreuses initiatives. À ce jour, un millier de projets ont été retenus sur les 1 260 que nous avons reçus. Nous nous préparons à une seconde vague de labellisation de même ampleur.
Je tiens à saluer l'implication du conseil scientifique et des enseignants, Damien Baldin, conseiller pour l'action territoriale, et Alexandre Lafon, conseiller pour l'action pédagogique. Je souhaite également remercier tous ceux qui soutiennent notre action, qu'il s'agisse des collectivités territoriales sans lesquelles rien ne serait possible, des grands médias ou de la presse quotidienne régionale, avec laquelle nous avons noué plusieurs partenariats et qui relaie de sa propre initiative les multiples actions.
Notre troisième mission a trait à l'information. Il suffit d'observer la production littéraire ou les médias pour comprendre que l'intérêt est grandissant. Je n'oublie pas notre remarquable site internet « centenaire.org ».
Enfin, je sais gré du bon fonctionnement de la mission à M. Zimet.
Le GIP dispose d'un budget de 14 millions d'euros, dont 75 % seront engagés en 2014, année du centenaire. Les dépenses d'intervention représentent 11,6 millions – 4,6 pour les grands formats et les ressources numériques, et sept millions pour le fonds d'intervention, dont cinq millions doivent être issus du mécénat. Un tiers de nos ressources sont donc en cours de réalisation.
La mission a pour priorité absolue de répondre à cette question récurrente : pourquoi commémorer le centenaire de la Grande Guerre ? Pour ce faire, nous nous référons, d'une part, aux objectifs fixés avec le conseil scientifique, d'autre part, au discours du Président de la République du 7 novembre, lors de la cérémonie d'ouverture du Centenaire. Sept objectifs ont été identifiés : rendre à nos soldats morts pour la France et à ceux venus mourir chez nous, pour notre liberté, l'hommage qui leur est dû ; raviver notre mémoire, partagée avec d'autres pays, des souffrances et des bouleversements entraînés par la guerre ; contribuer à la transmission aux jeunes générations ; faire comprendre que la professionnalisation de l'armée ne doit pas avoir pour effet de distendre les liens entre celle-ci et la Nation ni abolir la reconnaissance due aux soldats ; favoriser l'attractivité des territoires, particulièrement de ceux qui portent les stigmates de cette période ; promouvoir les expressions culturelles et artistiques ; faire mieux connaître la recherche historique.
Nous n'avons de cesse de marteler qu'il n'y a rien à fêter. Les peuples se souviennent des grandes ruptures et des grandes peines qui ont marqué leur existence – la Grande Guerre en fut une assurément. Ce qu'il nous faut expliquer, c'est le cheminement qui a conduit à l'embrasement. Cette question interpelle les jeunes qui ont souvent une vision un peu mécanique de l'histoire, résultant des raccourcis appris à l'école. Selon moi, la commémoration doit être aussi un appel à la vigilance : elle doit nous rappeler que les hommes sont capables des plus terribles transgressions. Elle est également l'occasion de comprendre comment on a pu en arriver là et comment la France a pu supporter une telle tragédie, et d'honorer la mémoire de ceux et de celles qui l'ont vécue.
Je constate avec satisfaction que les projets soumis à la Mission proviennent de l'ensemble du territoire, pas seulement des territoires de la ligne de front ou de la zone occupée. Les départements du grand arrière-front sont tout aussi curieux de comprendre leur rôle dans la guerre.
La commémoration du Centenaire est un projet ambitieux ; il exige un travail un peu lourd pour notre petite structure, qui présente néanmoins l'avantage de rassembler au même endroit des compétences dont la dispersion n'aurait pas produit les mêmes effets. L'année 2014 sera celle de la concrétisation de notre travail.