Nous avons la chance de vivre dans un pays au passé riche. Vous auriez pu citer le huit centième anniversaire de la bataille de Bouvines, qui a marqué l'émergence du sentiment national autour du roi Philippe-Auguste. Le risque d'un « gloubi-boulga » mémoriel me semble malgré tout écarté.
Quant au choix de démarrer la commémoration en 2014, c'est un parti-pris qui permet de faire une piqûre de rappel sur l'ensemble de la période 14-18, car les Français, petits et grands, ont pris de la distance vis-à-vis de leur histoire nationale. Il aurait été étrange de s'empêcher de commémorer certains sujets parce que l'année n'en était pas encore venue. Après cette mise en perspective, nous reviendrons à un déroulé géographique et calendaire au gré des événements marquants de la Grande Guerre.
La concomitance des calendriers doit nous inciter à faire preuve de clairvoyance dans la gestion des manifestations et de pédagogie à l'endroit des citoyens. L'imbrication d'événements nationaux ou internationaux requiert un effort particulier en la matière. Il nous faut aussi corriger des contresens fréquents, en expliquant par exemple que les Américains n'ont pas débarqué en 1917 mais sont arrivés dans des ports ; que la contribution ultramarine à la Première Guerre mondiale n'a pas été la même qu'au cours de la seconde ; que lorsque l'Armistice a sonné nous étions quasiment sur le tracé des frontières d'avant-guerre et que les destructions infligées à la France ont été terribles alors que l'Allemagne a été préservée. Les jeunes gardent le souvenir des bombardements de Berlin ; ils mélangent un peu tout. L'enjeu pédagogique est fort pour éviter les amalgames et de telles confusions.
Parallèlement, il faut, bien évidemment, donner la parole aux combattants de la Seconde Guerre mondiale, qui ne seront bientôt plus très nombreux. Nous sommes tout à fait capables de gérer les difficultés liées à la concomitance des commémorations.