Deux modèles d'organisation du Centenaire coexistent.
Le premier, retenu par les pays du Commonwealth et par la Belgique, repose sur une commémoration « feuilletonnante ». Les quatre années du cycle commémoratif sont jalonnées de commémorations des différentes batailles correspondant à des dates charnières. Le dispositif, fondé sur la narration de l'histoire militaire, monte en puissance sur quatre années avec pour point d'orgue l'année 2018.
Le second modèle, que je qualifierai de continental, choisi par la France et l'Allemagne, repose sur une approche décentralisée et sociétale. Il s'intéresse à l'onde de choc du conflit sur la société, que chacun peut s'approprier. Au début de la commémoration, en 2014, une demande sociale forte s'exprime, qui justifie le rappel de la globalité de l'événement.
Les deux modèles ne sont pas antagonistes. Les grandes batailles seront commémorées en France par tous les pays belligérants, mais il était auparavant nécessaire de redéfinir ce qu'a été la Grande Guerre. On ne pouvait pas se contenter de parler, en 2014, des seuls événements de l'année 1914. Dans les 140 titres publiés sur le sujet depuis Noël, tous les aspects de la guerre sont abordés – l'arrivée des Américains en 1917, les femmes, l'industrie, l'agriculture, les préfets dans la Grande Guerre, etc. Cette offre « panoramique » coïncide avec la volonté de proposer, dans un premier temps, une commémoration à 360 degrés. Dans un second temps, à partir de 2015, la commémoration reprendra le chemin de la chronologie des événements.