À la lecture du contenu des multiples manifestations recensées, ce que la France commémore, c'est la plus grande épreuve que notre société ait traversée, c'est « notre vie ici en attendant vos lettres ». Je rappelle qu'il y a eu 1,4 million de morts ; toutes les familles ont vécu, jour après jour, dans la crainte de voir arriver la dépêche bleue annonçant la mort d'un fils ou d'un mari. C'est inimaginable et cela a laissé des traces. La commémoration est celle de cette épreuve enracinée dans les familles.
Une question n'est pas posée : comment avons-nous supporté l'épreuve ? Pourquoi avons-nous réussi à la surmonter ? La réponse suppose de s'intéresser davantage à la société civile, à l'administration et à la gouvernance politique pendant la guerre qu'aux opérations militaires elles-mêmes.
Ce qui distingue la commémoration du Centenaire et celle des soixante-dix ans de la Seconde Guerre mondiale, c'est que celle-ci n'a pas été une épreuve comparable. Elle n'a pas laissé de traces aussi vivaces dans les familles.
Il n'empêche qu'un effort de pédagogie s'imposera pour dissiper la confusion qui risque de naître de l'enchaînement des commémorations cet été : le 6 juin, le débarquement, le 28 juin, l'attentat de Sarajevo, le 3 août, la mobilisation, le 15 août, le débarquement de Fréjus, le 25 août, la libération de Paris et le 12 septembre, la bataille de la Marne. Qu'on ne s'imagine pas que les Stuka prenaient les tranchées en enfilade…