Intervention de Antoine Prost

Réunion du 26 février 2014 à 10h45
Commission de la défense nationale et des forces armées

Antoine Prost, président du conseil scientifique :

Le Président de la République a souhaité que la question des fusillés fasse l'objet d'un traitement mémoriel et pédagogique, avec une présentation au musée de l'armée des Invalides. Le général Baptiste m'a invité à une première réunion sur la conception de cette vitrine.

Il faut cependant faire des distinctions : tous les fusillés n'ont pas été passés par les armes pour l'exemple ; une cinquantaine d'entre eux l'ont été pour faits d'espionnage et une cinquantaine d'autres pour des motifs de droit commun jugés en conseils de guerre. La majorité de ces fusillés étaient des soldats qui avaient « craqué » psychologiquement et qui seraient sans doute tombés au front – à l'instar de ce soldat, neuf mois après qu'il eut survécu au peloton d'exécution devant lequel l'avait conduit sa condamnation à mort. Leur attribuer la mention « Mort pour la France » ne poserait pas de problème à mes yeux, pour autant que l'on soit en mesure de les distinguer de soldats fusillés pour des désertions multiples, parfois sur le champ de bataille même, comme à Verdun en juin 1916. Attribuer la mention « Mort pour la France » à tous les fusillés indistinctement, y compris aux multi-déserteurs, reviendrait à dire qu'il n'y a pas de devoir de défense nationale : vous, parlementaires, avez le droit de le dire, mais pas sans vous en rendre compte, au détour de la réhabilitation des triples ou quadruples déserteurs, car il ne s'agit pas d'une affirmation anodine.

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