Monsieur le ministre, je vous trouve très « euro-réaliste ». En effet, il vaut mieux ne pas trop rêver sur un projet qui est une idée d'avenir, et qui le restera longtemps. Il est clair qu'il serait illusoire de parler d'une défense à 28. En revanche, il peut y avoir un certain nombre de coopérations entre États. La formule ne date d'ailleurs pas de l' Union européenne. Je vous rappelle, par exemple, qu'en 1901 nous sommes intervenus à Pékin avec les Anglais et les Allemands pour protéger nos ressortissants. Aujourd'hui, on voit bien, comme disait Roosevelt, que c'est la mission qui commande la coalition.
Sur le plan industriel, on ne parle pas non plus à 28. On parle avec ceux qui comptent. Inutile donc de vouloir construire quoi que ce soit au niveau européen, ce serait perdre son temps. Mais on peut s'allier aux Allemands, aux Anglais ou aux Italiens. Ce serait plus efficace, à condition qu'il y ait un pilote dans l'avion. Contrairement à ce qui a été dit, il peut y avoir un successeur au Rafale, car les Français sont aujourd'hui les seuls, en Europe, à avoir encore la capacité de construire un avion. Nous devons donc, ce qui nous demandera un effort au niveau national, jouer ce rôle de pilote. Sinon, il faudra que l'Europe cesse de vouloir jouer un rôle dans l'Histoire.