Je ne vais pas refaire la loi de programmation militaire, après avoir parlé plusieurs heures sur le sujet. Par ailleurs, certains des intervenants ont fait des déclarations, que je respecte tout à fait, mais qui ne nécessitent pas forcément de réponse.
Monsieur Dhuicq, vous m'avez parlé de drones, et vous visiez le drone européen Watchkeeper – autant le citer. Je vous répondrai qu'il y a une cohérence dans les choix que j'ai effectués, et que j'assume. Je me suis d'ailleurs expliqué à plusieurs reprises devant les commissions sur ma stratégie en la matière. Au moins ai-je fait des choix – alors qu'il n' y en avait pas eu de faits antérieurement. Ceux-ci vaudront aussi pour le futur. Il y aura une réponse européenne dans l'avenir, et ce sera peut-être l'un des résultats importants du Conseil de décembre.
Monsieur Amirshahi, il est exact que nous assumons parfois une forte responsabilité à l'égard des ressortissants européens sur les territoires en crise. Ce fut le cas au Mali, c'est le cas en ce moment en RCA. Je ne suis pas sûr que cela nous coûte extrêmement cher. Nous assurons, par solidarité, un certain confort à ces ressortissants, et je ne vois pas comment on pourrait le faire payer. En revanche, vous avez raison à propos du dispositif Athena. C'est une action commune, avec un financement européen commun. Mais aujourd'hui, il n'est pas possible de défalquer les frais engagés à ce titre du calcul des déficits budgétaires.
La question de la préférence européenne concerne aussi bien le stade de l'acquisition que de la production. En matière d'acquisition, une incitation fiscale constituerait déjà un progrès important, à condition de le faire en coopération. En matière de production, il faut que nous soyons au rendez-vous s'agissant des nouvelles générations d'armement produites en Europe. D'où les initiatives que j'ai prises en matière de drones – sur lesquels M. Candelier m'interrogeait – et en particulier de drones MALE.
J'en profite pour dire à M. Candelier que je suis préoccupé moi aussi par les mesures de suppression de postes qui ont été annoncées dans la branche « défense » de EADS – non seulement en France, mais aussi en Allemagne et en Espagne. J'ai fait savoir aux responsables d'EADS qu'au vu de la situation florissante de son activité civile, il serait inconcevable de procéder à des licenciements dans la branche « défense ». Tout au moins le groupe pourrait-il faire des propositions pour qu'une certaine déflation dans la branche « défense » soit compensée par des ouvertures de postes dans les secteurs civils.
Monsieur Folliot, j'ai entendu vos propos sur la définition d'un concept stratégique européen. Nous sommes bien conscients qu'il faut le mettre en oeuvre. J'ai indiqué tout à l'heure que ce n'était sans doute le moment idéal, en fin de mandature de la Commission et du Parlement européen. Mais que le sujet soit abordé juste après nous paraîtrait tout à fait utile, même si je reste convaincu, pour ma part, que l'on n'avance que dans le concret, comme M. Myard a bien voulu le reconnaître.
Sur les accords avec les Britanniques, j'ai indiqué à M. Dhuicq qu'à la fin du mois de janvier se tiendrait un sommet au cours duquel on ferait le point sur les dossiers de défense, dans le cadre de Lancaster House.
Je crois que j'ai dit l'essentiel. Je terminerai sur cette observation : s'il est un point de l'Europe de la défense sur lequel nous devons réfléchir en urgence, c'est le concept de groupement tactique. Comment l'utiliser à bon escient dans le cadre de la relation entre l'Europe et l'Afrique, qu'il faut remettre à l'ordre du jour ? Le sujet ne sera sans doute pas traité à l'occasion de ce Conseil, mais nous devons faire en sorte de nous en préoccuper tout de suite après.