Intervention de Bruno Nestor Azerot

Séance en hémicycle du 16 juillet 2012 à 21h30
Projet de loi de finances rectificative pour 2012 — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBruno Nestor Azerot :

Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, je constate avec satisfaction que le projet de loi de finances rectificative pour 2012, qui nous est présenté aujourd'hui, confirme les principales promesses qu'avait faites le Président de la République. Il donne notamment au Gouvernement des marges de manoeuvre permettant de répondre aux effets de la crise économique et sociale dans laquelle nous nous trouvons. C'est ainsi que sont dégagés 7,2 milliards d'euros de recettes nouvelles qui s'ajoutent à la mise en réserve en début d'année de 7 milliards de crédits, dont 1,2 milliard qui avait été annulé en février par le gouvernement Fillon.

Ce projet de loi marque également une étape décisive sur la voie d'une fiscalité plus juste.

J'ai noté par ailleurs, monsieur le ministre, la création, par l'article 17, d'un compte d'affectation spéciale « Participation de la France au désendettement de la Grèce ». J'y souscris évidemment, compte tenu de la situation catastrophique dans laquelle se trouve le peuple grec. Cette situation appelle notre solidarité.

Cette solidarité doit s'exercer également en faveur des outremers, notamment, des départements d'outre mer. Celui dont je suis élu, la Martinique, connaît actuellement un taux de chômage qui dépasse les 25 % ! Au cours des cinq dernières années, ce taux a augmenté de 37 % et même de 49 % chez les quinze à vingt-cinq ans. Actuellement, c'est plus de 62 % des jeunes Martiniquais qui sont à la recherche d'un emploi. Comment dans ces conditions, ne pas être tenté de comparer notre situation à celle de la Grèce ?

L'on observe une situation analogue dans toutes les collectivités ultramarines qui ont été, de ce fait, plusieurs à connaître des crises sociales graves. Cela a été le cas en 2008 en Guyane, en 2009 en Martinique, en 2011 à Mayotte et en début d'année à la Réunion. Mais d'autres encore sont à craindre si une politique volontariste de solidarité envers les outremers n'est pas mise en oeuvre rapidement.

Le Président de la République a pris à l'égard de ceux-ci trente engagements importants dont nous attendons, bien sûr, la mise en oeuvre effective. Il y a, notamment, les mesures évoquées par notre ministre de l'outre-mer visant à s'attaquer, je cite : « aux causes structurelles de la vie chère dans les outremers ». Nous en connaissons les conséquences dans des domaines comme la grande distribution, l'énergie, les transports, les communications, ou encore le logement…

Ces engagements concernent aussi les inégalités sociales beaucoup plus importantes que dans l'Hexagone ; le traitement de l'échec scolaire, également beaucoup plus important ; l'accès au logement social – en Martinique, plus de 15 000 demandes sont en attente tandis que la production de logements sociaux a été en réduction ces dernières années.

Mais, vous l'aurez compris, le problème majeur est celui de l'emploi. Et là, il y a une véritable situation d'urgence, qui nécessite la mise en oeuvre d'une politique volontariste tenant compte des handicaps structurels des départements d'outre-mer, notamment de la Martinique, mais également de leurs atouts jusqu'ici insuffisamment mis en avant. Il faut sortir des incantations sur le concept de « développement endogène » pour aller vers de véritables contrats de développement passés avec chacune des collectivités ultramarines. Ces contrats doivent être conçus à partir d'une nouvelle approche de la question du développement outre-mer. Ils doivent être l'objet d'une concertation approfondie avec l'ensemble des forces vives de ces collectivités. C'est ainsi que l'on pourra décider des investissements à privilégier, des secteurs économiques à stimuler et des instruments à mettre en place pour cela. Parmi ceux-ci, je citerai la défiscalisation, bien sûr, mais qui doit toujours être orientée vers l'investissement productif créateur d'emplois.

Il reste que, dans l'immédiat, il y a une situation d'extrême urgence à traiter. Il faut à tout prix qu'un volet suffisamment significatif d'emplois d'avenir vienne redonner espoir à une large fraction de notre jeunesse martiniquaise en proie aujourd'hui à la désespérance. Je considère également qu'il est indispensable de remettre financièrement à flot nombre de collectivités territoriales, les communes notamment. En effet, dans nos territoires ultramarins, les collectivités, doivent faire face, beaucoup plus que dans l'Hexagone, à une demande sociale de plus en plus importante. Elles jouent donc un rôle fondamental d'amortisseur social. Mais elles jouent également un rôle très important en matière d'investissement, en permettant de combler des retards importants dans le domaine des équipements, donc en matière de création d'emplois. Ne l'oublions pas, outre-mer, les collectivités territoriales sont à l'origine de plus de 80 % de l'investissement public civil.

Monsieur le ministre, vous l'aurez compris, les outremers attendent de recevoir leur juste part de l'effort budgétaire consenti par le Gouvernement. Pour la Martinique, c'est une part qui doit tenir compte de son niveau de mal développement et de la situation d'urgence sociale dans laquelle elle se trouve. Mes compatriotes, là-bas, attendent avec impatience le changement pour lequel ils se sont massivement prononcés lors des dernières élections.

C'est avec la conviction que le Gouvernement a bien pris la mesure de leurs attentes et qu'il est résolu à tenir ses engagements que je voterai ce projet de loi de finances rectificative. (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR et sur plusieurs bancs du groupe SRC.)

1 commentaire :

Le 05/12/2012 à 19:35, Péléenne a dit :

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Les intentions de Mr BNA sont très louables et espérons que se dégagent une lueur d'espoir pour nos jeunes. Toutefois je souhaite savoir comment et où ce vivier d'emplois d'avenir aura le plus de chance de s'épanouir. Peut-être qu'il faudrait creuser davantage pour faire émerger une réelle concrétisation des "emplois à venir".

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