Intervention de général Bertrand Ract Madoux

Réunion du 17 octobre 2012 à 11h15
Commission de la défense nationale et des forces armées

général Bertrand Ract Madoux :

Toutes les difficultés de l'armée de terre ont une seule origine : la lente et immuable érosion du budget de la défense. Les intentions du Livre blanc de 2008 étaient pourtant bonnes, puisque l'effort a porté sur les équipements et nous sommes très heureux de ceux que nous avons reçus. Mais nous n'avons plus aujourd'hui les moyens suffisants pour les faire fonctionner, compte tenu de la réduction des crédits consacrés au fonctionnement, à l'entretien du matériel et la contraction de la masse salariale. Nous avons par exemple perdu, sur quatre ans, une année complète de crédits d'entretien programmé du matériel pour nos hélicoptères. Pour les autres équipements, nous avons perdu une part significative du budget. Dans le même temps, près de 4 000 postes de maintenanciers ou mécaniciens ont été supprimés.

Le Livre Blanc de 2008 nous avait été présenté comme la perspective d'une armée plus petite mais avec plus de moyens. Ce n'est en réalité pas le cas. Nous sommes aujourd'hui encore capables d'assurer les contrats opérationnels de 2008 mais plus de les soutenir dans la durée.

Concernant les 150 jours d'activité, mes prédécesseurs ont très vite compris que ce n'était pas un objectif tenable et en ont fixé un autre, de 120 jours, plus réaliste. Mais nous sommes encore en dessous de ce seuil. Il faut savoir que ces jours d'activité comprennent les opérations extérieures, l'entraînement et que les réduire à 88, comme cela a un temps été envisagé, n'aurait pas été raisonnable.

Sur la capacité de l'armée de terre à réussir les réformes, je dirais que nous avons toujours eu l'habitude de remplir les missions qui nous sont confiées – comme nous sommes en train de le démontrer avec le retrait de nos troupes d'Afghanistan ! Nous aurions achevé la réforme prévue sur la période 2008-2015 s'il n'y avait pas eu cette contrainte financière extérieure. Nous allons néanmoins atteindre l'objectif de déflation des effectifs en milieu d'année 2014, soit avec une année et demie d'avance sur le calendrier initial.

L'armée de terre dispose d'un potentiel humain tout à fait admirable. J'avais dit il y a un an, qu'on risquait d'avoir un mouvement de grogne dans les casernes avant la fin de l'année. Celui-ci s'est produit, pas pour les raisons que j'avais envisagées, mais à cause des défaillances du système de paiement des soldes, Louvois. Je suis donc très heureux que le ministre ait pris ce dossier en main, à son niveau, tant cette question est complexe et sensible.

Si on donne à l'armée de terre les moyens nécessaires et un objectif mobilisateur, nous accomplirons les réformes nécessaires. Mais si la réforme consiste à simplement baisser les effectifs et les crédits, cela sera plus difficile…

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