Je vais vous répondre sur l'influence de la France et la réduction homothétique de notre format. Nos voisins britanniques et allemands viennent de se fixer des objectifs de réduction de leur format et de leurs capacités qui sont très proches de ceux que nous nous étions fixés en 2008. Nous nous sommes par exemple fixés un seuil d'environ 200 chars et ils ont globalement retenu ce même seuil. Ces deux pays se sont, me semble-t-il, inspirés de notre modèle, avec leurs particularités – plus d'hommes au Royaume-Uni, des équipements de grande qualité en Allemagne, qui ne dispose pas de la dissuasion –, et ne semblent pas prêts à relâcher leur effort de défense.
Par ailleurs, je ne suis pas contre une réduction homothétique si celle-ci demeure raisonnable. L'armée de terre assumera ainsi pleinement les décisions prises. Mais je ne souhaite pas que l'on nous dise, telles parties ou telles composantes étant intouchables, l'effort devrait porter sur le restant, à savoir l'armée de terre. Celle-ci constitue, en effet à mes yeux, le socle de la défense de notre territoire national.
Nous n'avons pas du tout l'intention de renoncer à toute ambition européenne. Mais il ne serait pas cohérent de vouloir nous afficher comme l'un des leaders d'une Europe de la défense avec une armée de confettis ! Il nous faut donner des signes tangibles de notre volonté de soutenir notre effort de défense.
Monsieur Fromion, je vous remercie de l'hommage que vous avez rendu à nos soldats. Le secteur de la Surobi, où a eu lieu le drame d'Uzbin, était l'un des plus dangereux d'Afghanistan. Aujourd'hui, on peut y circuler librement et cette zone est sous contrôle de l'armée nationale afghane. Des carences en équipements ont peut-être été évoquées à l'occasion de cette embuscade. Mais un effort de plus 300 millions d'euros sur trois ans a depuis été accompli pour équiper au mieux nos hommes, effectivement un peu en dehors des programmes prévus.
Le programme SCORPION va vraiment nous permettre de moderniser nos capacités d'action. Il équipera non pas la totalité, mais près de la moitié de nos effectifs, à savoir toute l'infanterie et la cavalerie, ainsi que les appuis associés. Nous voulons vraiment mettre en place un standard commun à tous nos nouveaux équipements dans un souci d'économie. Ce programme répond donc à des besoins communs à toutes nos composantes de manoeuvre et de combat.
Le transfert de la section technique de l'armée de terre (STAT) vers Bourges n'est sans doute pas d'actualité. La première raison est budgétaire, ce déplacement ayant été évalué à plusieurs dizaines de millions d'euros. La seconde est une raison de fond. Je pense qu'il est important de conserver ces compétences en Ile-de-France, à proximité des officiers de programme de l'état-major de l'armée de terre, des directeurs de programme de la Direction générale de l'armement (DGA) et des industriels des armements terrestres, qui doivent tous travailler ensemble.