Intervention de Jean-Pierre Gorges

Réunion du 9 avril 2014 à 11h30
Mission d'information sur l'écotaxe poids lourds

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Pierre Gorges :

À l'instar de notre président, j'ai été surpris par votre intervention. Pour une fois, nous étions parvenus à nous mettre d'accord sur la création d'une taxe destinée à financer les infrastructures. Et il faudrait l'appliquer différemment dans une partie de la France ?

J'ai moi-même des origines bretonnes, que j'assume. Mais, avant d'être breton, je suis député de la Nation. J'observe au passage que la région est en effet dans une situation anormale : elle a bénéficié d'infrastructures que d'autres n'ont pas. Mon département est loin de disposer d'équipements comparables, et risque de ne rien obtenir, faute d'argent.

Le principe de l'écotaxe, c'est que c'est l'utilisateur qui paie, ce qui devrait la norme. Je pense d'ailleurs que la gauche a eu du mal à l'accepter, même si l'initiative tend à transcender les clivages politiques.

La solution technique n'est peut-être pas adaptée, et il reste sûrement des choses à améliorer. Mais il est nécessaire de trouver le moyen de financer les infrastructures afin de permettre à notre pays de poursuivre son développement. Et je ne crois pas souhaitable qu'une région puisse à elle seule remettre tout le système en question, sous peine de graves conséquences. Après la Bretagne, d'autres régions pourraient réclamer un traitement exceptionnel.

Dans ma ville, j'ai fait construire un parc de stationnement. Mais les commerçants, qui le réclamaient, se plaignent parce qu'il est payant. Or il a coûté 30 millions d'euros ! Qui doit payer ? Ni les communes, ni le département, ni la région ne peuvent financer de tels équipements. Il me paraît donc normal que les utilisateurs le fassent. À cet égard, le principe de l'écotaxe relève de la justice sociale.

Certes, l'économie doit fonctionner. Mais en définitive, il faut bien quelqu'un pour financer ces routes. Quelqu'un sera privé d'une partie de son pouvoir d'achat pour cette raison. L'économie ne peut pas être vue par ce que j'appelle « le petit bout de la lorgnette ».

L'agglomération que je préside est traversée par une nationale empruntée par de nombreux poids lourds. Régulièrement, il y a de la casse. Et qui paye ?

Je m'étonne de vos propos. On ne peut accepter qu'une région refuse d'apporter sa contribution, faute de quoi elle devrait fonctionner de manière autarcique et renoncer à tout ce que lui apporte le reste du pays. Cela étant, je veux bien reconnaître que le système n'a pas été très bien conçu et que l'on aurait pu faire des choix très différents.

De toute façon, à terme, les outils tels que l'écotaxe devraient conduire les régions – et particulièrement la Bretagne – à organiser différemment l'économie. Quand la distance entre le producteur et le consommateur est excessive, il faut se poser des questions, organiser les choses autrement. Une fiscalité intelligente peut avoir cet effet. Beaucoup de marchandises, en effet, n'ont rien à faire sur les routes.

Pour toutes ces raisons, je n'entends pas bien votre discours.

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