Intervention de Marc Le Fur

Réunion du 9 avril 2014 à 11h30
Mission d'information sur l'écotaxe poids lourds

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarc Le Fur :

Comme mes collègues, monsieur le président, j'ai du mal à comprendre que vous ayez pu aborder avec le président de la région Bretagne le sujet qui nous intéresse tous sans que cette rencontre ne soit publique. Il convient d'en finir avec l'ambiguïté et de le recevoir collectivement afin de connaître le point de vue de la majorité régionale.

Quant aux propos de M. Chéritel, je les ai trouvés remarquables. Nous aurions d'ailleurs dû l'auditionner bien plus tôt. Comme vous, monsieur le président, notre collègue André, partisan reconnu de l'écotaxe, affirme que ses propos contiennent des éléments erronés. Mais quels sont-ils ? Tout me semble parfaitement précis et argumenté !

L'intérêt de l'intervention du président Chéritel est d'avoir posé les problèmes sous l'angle économique, en s'intéressant aux effets de l'écotaxe à l'échelle nationale, et non pas seulement à la situation spécifique de la Bretagne.

Monsieur André juge non pertinente la comparaison entre l'écotaxe et le CICE en raison du décalage entre les ordres de grandeur. C'est oublier que, sur les 20 milliards d'euros du CICE, un milliard va aux banques et aux assurances, qui ne sont pas concernées par l'écotaxe, et 2,5 milliards d'euros à la grande distribution – je sais que la majorité n'aime pas m'entendre répéter ce chiffre –, qui n'est concernée que marginalement. En outre, le secteur agroalimentaire, principale filière concernée par l'écotaxe, ne se voit attribuer que 700 millions d'euros, d'autant que les coopératives, en dépit de nos efforts, ne bénéficient toujours pas du CICE, alors qu'elles ont perdu l'équivalent de 4 % de leur masse salariale l'an dernier et de 6 % cette année, et qu'elles vont être directement frappées par l'écotaxe. Les sommes prises d'un côté et soi-disant données de l'autre sont donc comparables.

Par ailleurs, on fait constamment à la Bretagne le même procès, en affirmant que la région aurait été gâtée, que la construction de son réseau routier a été aidée par le reste de la Nation. Je regrette, monsieur le président, que vous ayez d'emblée présenté les choses sous cet angle. En effet, la forte densité de la région – plus de 100 habitants au kilomètre carré, soit bien plus que l'Indre – justifie l'aménagement de ces routes. Et s'il est vrai que la Nation, il y a longtemps – à l'époque du général de Gaulle et du président Georges Pompidou –, a consenti un effort en faveur de leur financement, ces routes sont aujourd'hui payées pour moitié par le contribuable breton depuis l'invention des contrats de plan, soit depuis les années 1980.

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