Intervention de Frédéric Duval

Réunion du 9 avril 2014 à 11h30
Mission d'information sur l'écotaxe poids lourds

Frédéric Duval, délégué général du MEDEF-Bretagne :

Nous souhaitons apporter le témoignage des « vrais gens », c'est-à-dire de personnes en prise directe avec l'économie, confrontées aux aléas de l'économie de marché et à la dureté de la concurrence au sein de la zone euro.

Cette concurrence est d'autant plus rude qu'elle est inéquitable pour nos entreprises : les prélèvements obligatoires qui pèsent sur elles atteignent 300 milliards d'euros, contre 200 milliards pour les entreprises allemandes. Le CICE permet de compenser partiellement cet écart, mais ne faisons pas machine arrière !

Monsieur André, vous n'avez pas bien compris notre affirmation selon laquelle, en moyenne, 50 % du bénéfice du CICE est annulé par l'effet de l'écotaxe. Mais comme vous le savez, l'industrie représente 12 % du PIB, et l'agriculture 3 %. Seuls 15 % du bénéfice du CICE est donc affecté à l'économie de production, soit environ 3 milliards d'euros, ce qui est environ le double du surcoût que représente pour l'économie l'application de l'écotaxe. Les chiffres macroéconomiques et microéconomiques semblent donc converger.

Il est vrai que la Bretagne est en première ligne sur ce dossier. Pour autant, elle ne plaide pas pour elle-même, mais pour la production française tout entière. Nous considérons que le travail d'expertise sur l'écotaxe a été insuffisamment réalisé dans les autres régions. Les industriels ont-ils vraiment conscience du fait que leurs factures de transport seront majorées de 5,2 %, voire de 6,9 % pour le fret intrarégional ?

J'en viens au financement des infrastructures. Les gens qui se battent tous les jours pour créer de la valeur et maintenir l'emploi ne comprennent pas que la réponse à tout problème de financement public soit la création d'une taxe. Nous connaissons un niveau record de dépenses publiques : 57 % du PIB, soit 1 150 milliards d'euros, 220 milliards de plus qu'en Allemagne. N'est-il pas possible de réaliser 800 millions d'euros d'économies pour financer les routes ?

Monsieur Gorges, j'ai lu, dans le compte rendu d'une audition, qu'une route de votre circonscription et les canalisations qu'elle recouvre étaient régulièrement abîmées par le passage des poids lourds, et que l'on vous avait promis le concours de l'État pour financer de nouvelles infrastructures dans le cas où l'écotaxe permettrait d'abonder le budget de l'AFITF. On peut donc comprendre que vous soyez préoccupé par la suspension du projet.

Mais nous tenons un discours économique d'intérêt général. Dans la ligne du rapport Gallois, nous estimons que, si la chute de la production française se poursuit, notre modèle social s'effondrera. En outre, l'existence de l'euro rend nécessaire une convergence des prélèvements obligatoires, et donc des dépenses publiques. Faute de réaliser des réformes structurelles fondamentales, notre économie va continuer de diverger par rapport à celle de nos voisins, comme c'est le cas depuis l'introduction de l'euro.

L'été dernier, j'ai été amené à présenter le projet de l'écotaxe à des responsables d'entreprises. Ils ont été sidérés par sa complexité. Et encore, nous n'avions pas connaissance du rôle joué par les 300 agents publics, que, comme vous, nous avons découvert à la faveur de l'audition de la directrice générale des douanes.

Il existe un véritable fossé culturel au sein de la société française qui ne doit pas nous laisser indifférents. C'est pourquoi nous sommes venus porter une parole d'intérêt général – et pas seulement d'intérêt régional – en demandant l'abrogation de l'écotaxe.

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