Intervention de Nicolas Paulissen

Réunion du 8 janvier 2014 à 10h00
Mission d'information sur l'écotaxe poids lourds

Nicolas Paulissen, délégué général de la Fédération nationale des transports routiers, FNTR :

La grande erreur du Grenelle de l'environnement a été d'exclure le transport routier du développement durable, sans prendre en compte nos marges de progression. La démarche « Objectif CO2 : les transporteurs s'engagent » permet de réduire le volume d'émission de 700 000 tonnes par an.

Il faut appréhender notre secteur sous l'angle de l'économie au lieu de le voir sous les seuls prismes des infrastructures et du développement durable. Dès lors qu'elles disposeront des marges nécessaires, les entreprises de transport routier investiront dans le développement durable.

C'est bien pour échapper à la logique du principe pollueur-payeur que nous avons fait introduire, dans la loi Grenelle I, le principe d'une répercussion de la taxation sur le bénéficiaire du transport de la marchandise, ce qui ouvre la voie vers une taxe sur les marchandises.

Nous croyons beaucoup à la R&D, car, bien que favorables à la complémentarité des modes, nous ne pensons pas qu'il faille présenter les autoroutes ferroviaires ou maritimes comme la solution miracle qui permettra de supprimer les camions sur les routes. Des aides pourraient ainsi permettre à nos entreprises de s'équiper, pour la distribution urbaine, de véhicules à motorisation hybride. Dans dix ou quinze ans, le gaz naturel nous aidera à réduire les émissions de CO2. À l'échelon européen, les normes EURO ont permis de grands progrès. Depuis vingt ans, la performance énergétique des véhicules s'est considérablement développée.

En tant qu'administrateurs du Comité national routier, nous demanderons à celui-ci s'il est possible d'établir une comparaison entre les systèmes européens. L'excellent service d'études du ministère des transports peut aussi être sollicité.

Nous ne disposons que d'une moyenne – 3 % à 5% – pour évaluer le coût du transport et de la logistique dans le prix d'un produit. Les principales filières pourraient réaliser des études plus précises, en fonction du type et de la nature des produits. J'insiste sur le fait que l'écotaxe est pour nous une charge considérable, car elle entre directement dans nos coûts, alors que nos clients, par exemple les agriculteurs, la répercutent sur leurs prix.

L'obligation du sixième essieu pour les 44 tonnes était une très mauvaise idée. C'est en découvrant le cadeau fait aux agriculteurs par ses prédécesseurs, que le Gouvernement avait ajouté ce dispositif, en catastrophe, pour protéger les routes. Nous sommes une victime collatérale de ce dossier, puisqu'il a fallu deux ans de travaux pour éviter la naissance d'un véhicule atypique en Europe – on ne le trouve qu'en Angleterre –, et dont la productivité aurait été catastrophique.

Certains d'entre vous ont rappelé à l'envi que les camions endommagent les routes, mais ceux-ci jouent un rôle d'intérêt général : ils transportent 99% de nos besoins quotidiens. Les Français en sont conscients, comme le montrent toutes les enquêtes d'opinion. On ne peut oublier ce rôle social, dont nous sommes particulièrement fiers.

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