Intervention de Jean-Luc Cade

Réunion du 10 avril 2014 à 9h30
Mission d'information sur l'écotaxe poids lourds

Jean-Luc Cade, président de Coop de France Nutrition animale :

Quatre chiffres me permettront de présenter Coop de France : 2 850 coopératives, 83 milliards d'euros de chiffre d'affaires, 40 % de l'agroalimentaire national et 160 000 emplois.

Les coopératives ont pour spécificité d'être implantées en zone rurale et sont, dans certaines zones – la montagne, notamment – les seuls acteurs économiques agricoles. Elles utilisent de ce fait principalement le réseau routier secondaire, les alternatives modales étant extrêmement limitées.

La coopération agricole a pour fonction vitale d'assurer l'activité de ses adhérents sur deux points essentiels : d'une part la collecte – grains, fruits, légumes, lait ou animaux –, d'autre part l'approvisionnement nécessaire au développement de l'activité – engrais ou aliments pour le bétail, par exemple.

L'essentiel de nos transports se réalise sur courtes distances, une même filière s'organisant souvent autour d'une multiplicité de petits trajets consécutifs.

Le contexte économique dans lequel se développent les coopératives s'est considérablement dégradé depuis 2008. Je renvoie ici au rapport Gallois, qui indique que l'industrie française a atteint un seuil critique. Nous perdons des parts de marché non seulement à l'exportation mais également sur le marché intérieur.

On sait toutes les difficultés qu'engendre cette perte de compétitivité structurelle, notamment en termes d'emploi. Ces difficultés ne pourraient qu'être aggravées par l'écotaxe, dont le coût pour l'industrie et l'agriculture françaises est estimé à 1,2 milliard d'euros, ce qui représenterait, d'après nos études, une augmentation de charges pour les coopératives comprise entre 30 et 50 % de leur résultat net. Cela aurait pour conséquence immédiate de limiter leur capacité d'investissement et leur effort d'innovation. Il y a donc un risque majeur de décrochage de nos productions nationales par rapport aux produits importés.

Nous nous sommes donc opposés à l'écotaxe, considérant non seulement qu'elle augmenterait considérablement nos charges mais qu'il s'agit également d'un système punitif, coercitif et nullement incitatif, raison pour laquelle nous sommes défavorables à un aménagement du dispositif actuel. Aucune piste en ce sens n'est d'ailleurs parvenue à faire consensus. Nous restons néanmoins ouverts à toute réflexion sur l'amélioration des infrastructures dédiées, qui permettrait de renforcer la compétitivité de nos filières.

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