Intervention de Philippe Barbier

Réunion du 26 février 2014 à 11h00
Mission d'information sur l'écotaxe poids lourds

Philippe Barbier, président du directoire du groupe Pomona :

En quoi consiste exactement notre métier ? Un grossiste-distributeur est un négociant, qui achète des produits qu'il revend et souvent livre à ses clients. Nous intervenons donc de professionnel à professionnel, B to B. C'est d'ailleurs pourquoi nous ne pouvons évaluer l'impact de l'écotaxe sur le panier de la ménagère. Nous livrons des cantines scolaires, des maisons de retraite, des prisons, des unités de l'armée, des restaurants, des brasseries…

Parce qu'ils achètent pour revendre, nos professionnels sont concernés à double titre. D'une part, en amont, en tant qu'acheteurs qui font appel à des transporteurs. À ce titre-là, leurs réactions se rapprochent de celles des chargeurs et ils ne comprennent pas la majoration qui sera applicable. D'autre part, en aval, et c'est là une particularité de notre profession que nous avons eu beaucoup de mal à faire comprendre, ils assurent du transport pour compte propre en livrant à leurs clients les marchandises achetées. Une des caractéristiques de notre profession est l'atomisation de ses clients. Pomona, qui réalise 3 milliards d'euros de chiffre d'affaires, compte 125 000 clients : ce matin, 1 600 camions Pomona de 16 ou 19 tonnes sont partis pour livrer chacun une quinzaine de clients au cours leur tournée, soit quelque 25 000 à 26 000 livraisons. Il faudrait que nous répercutions autant que possible l'écotaxe payée en amont sur le prix de nos produits, ce qui impacterait non pas le panier de la ménagère, mais nos clients finaux, comme les restaurants ou les cantines – dans ce dernier cas, pour autant que les dispositions du code des marchés publics le permettent, ce qui n'est pas le cas actuellement. Pour l'aval, la difficulté est que notre profession n'ayant pas été considérée comme transporteur, elle n'aurait pas le droit de répercuter l'écotaxe, quand bien même nous trouverions le moyen pratique de le faire. L'individualisation serait en effet un casse-tête insoluble, vu que chacun de nos camions transporte des marchandises destinées à être livrées à une quinzaine de clients différents, le poids livré n'étant bien sûr pas le même pour chacun d'entre eux.

Notre profession, sans doute parce qu'elle est méconnue, a été l'oubliée en cette affaire. Sa position a été comprise lorsque nous l'avons exposée dans les différents ministères, mais on a nous a, hélas, répondu que nous étions une innocente victime collatérale. On nous a même dit une fois que nous avions la malchance d'être « un effet de bord » (side effect) !

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