Intervention de Colette Langlade

Réunion du 16 avril 2014 à 16h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaColette Langlade :

Permettez-moi tout d'abord, au nom des commissaires du groupe Socialiste, républicain et citoyen – mais aussi, je n'en doute pas, de l'ensemble de mes collègues – de saluer la qualité de travail de l'INSERM, dont nous fêtons cette année le cinquantième anniversaire. Premier organisme européen de recherche médicale, l'INSERM est à l'origine de réelles avancées comme le traitement par thérapie génique des bébés bulle, des vaccins contre les hépatites B ou C ou le développement des techniques d'imagerie médicale qui ont été permises grâce à son action. L'INSERM a aussi créé des délégations régionales pour accompagner, sur les territoires, les quelque 300 laboratoires et structures de recherche. Permettez-moi, en tant qu'élue d'Aquitaine, de saluer tout particulièrement la construction du Neurocampus de Bordeaux, destiné à devenir un centre de renommée européenne voire mondiale dans le domaine de la recherche sur le cerveau. L'INSERM constitue un des atouts de la France, il fait d'elle une grande nation scientifique, une grande nation médicale. Rappelons que la recherche est aussi un pilier de notre réussite économique ; elle représente 600 000 emplois directs et indirects dans vos filières, celles des biotechnologies.

Mais pour réussir dans ces domaines, il faut du temps : des années, parfois plusieurs décennies sont nécessaires pour qu'une découverte fondamentale trouve des débouchés concrets, visibles par nos concitoyens. Ce temps suppose des moyens, constants et pérennes, placés à l'abri de toute coupe budgétaire aveugle. C'est pourquoi je tiens à saluer la volonté du Président de la République, réaffirmée lors des célébrations du cinquantième anniversaire de la création de l'INSERM, de « sanctuariser le budget de la recherche », parce que la recherche est essentielle, parce que « sans recherche publique forte, il n'y a pas d'économie privée forte ». Croyez bien que, si vous accédez à la présidence de l'INSERM, vous pourrez compter sur les députés de la majorité pour vous soutenir.

Je souhaiterais vous poser quatre questions. La première porte sur la féminisation des équipes dirigeantes de l'INSERM ; j'ai pu constater sur les organigrammes que, sur dix instituts, seul celui de la santé publique est dirigé par une femme ; le conseil scientifique de l'INSERM n'est composé que d'à peine un tiers de femmes. Si, à l'évidence, ce bilan ne peut vous être imputé, comment comptez-vous faire progresser la parité dans les instances dirigeantes de l'INSERM ?

Ma deuxième question concerne directement notre travail de législateur. La loi du 22 juillet 2013 relative à l'enseignement supérieur et à la recherche précise que les établissements d'enseignement supérieur et les organismes de recherche doivent coordonner leurs offres de formation et leurs stratégies de recherche, ouvrant aux établissements trois cadres juridiques : la fusion, la participation à une communauté d'universités et d'établissements ou l'association d'établissements. Quelle est la place de l'INSERM dans la politique de regroupements de sites ?

Ma troisième question est relative à la diffusion des savoirs au plus grand nombre. En la matière, des projets ont déjà abouti, je pense notamment à « Destination labo », qui a permis à des élèves du primaire, du collège ou du lycée de découvrir les laboratoires de l'INSERM, mais aussi à votre magazine « Science et Santé » ou, en régions, à la « Nuit des chercheurs » de Besançon ou aux « mois de la santé » d'Angers… Je voudrais savoir si vous entendez poursuivre ce travail d'ouverture vers le grand public et par quel canal. Peut-on imaginer qu'un dispositif semblable aux cours en ligne ouverts à tous, les fameux « MOOC » (Massive open online courses), qui connaissent un réel succès dans les grandes écoles et les universités, soit mis en place ?

Enfin, on sait que la recherche est une démarche rarement solitaire ; comment dès lors comptez-vous travailler avec autres instituts de recherche, l'Institut Pasteur ou le CNRS, notamment ? Poursuivrez-vous l'investissement de l'INSERM au sein d'AVIESAN ? Comment envisagez-vous la collaboration avec des associations telles que la Fondation Arc ou le Sidaction, qui peuvent également financer vos travaux – et dont je salue le travail ?

Vous présentez votre candidature à la présidence de l'un des organismes de recherche les plus prestigieux, dans une période particulièrement cruciale pour la recherche française, marquée par des contraintes budgétaires drastiques, une actualité européenne chargée avec le cadre « Horizon 2020 » et le 8e PCRD mais aussi une priorité donnée par le Président de la République au niveau national. La recherche est un enjeu social et éducatif de premier plan, porteur de progrès et de bien-être, mais aussi un enjeu économique majeur. La qualité de votre parcours, votre expérience, vos compétences, votre ambition pour l'INSERM que vous venez de nous exposer sont autant d'atouts qui ont convaincu les députés du groupe SRC de vous accorder leurs suffrages ! Vous pourrez compter sur nous pendant toute la durée de votre mandat.

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