Je ne reprendrai pas les excellents propos tenus par Patrick Hetzel ou par Colette Langlade et je construirai donc mon intervention autour de six questions.
Premièrement, le combat contre le VIH constitue, encore aujourd'hui, un défi scientifiquement complexe. Vous connaissez particulièrement bien les enjeux liés à ce virus dévastateur pour avoir été six ans le chef du service d'immunologie clinique à l'hôpital Henri Mondor de Créteil et le directeur scientifique du programme vaccinal de l'ANRS. Allez-vous donc concentrer votre action à la tête de l'INSERM sur ce sujet ? Quelles sont, en outre, les perspectives scientifiques en la matière et où en sommes-nous dans l'élaboration d'un nouveau traitement ?
Deuxièmement, la dernière édition de l'étude internationale Global Drug Survey englobe, pour la première fois, notre pays. Le psychiatre qui l'a lancé, Adam Winstock, met ainsi en garde la France contre les médicaments sur ordonnance qui peuvent provoquer une forme de dépendance, en soulignant qu'aux États-Unis, les analgésiques provoqueraient plus d'overdoses mortelles que l'héroïne. Quelles leçons devons-nous en tirer, surtout dans un pays déprimé comme le nôtre, et quels dispositifs pouvons-nous mettre en place pour sensibiliser l'opinion publique sur cette problématique ?
Troisièmement, la salle de consommation à moindre risque prévue boulevard de la Chapelle à Paris n'a toujours pas ouvert ses portes. Les riverains de ce projet, qu'ils perçoivent comme un « facilitateur » de la consommation de stupéfiants, se montrent très inquiets, à juste titre. Avez-vous une réponse à leur apporter ? Ne pensez-vous pas que ce projet prend le problème « à l'envers » ?
Cette question fait le lien avec le quatrième thème – la dépendance aux drogues, à l'alcool, au tabac ou encore aux jeux vidéo chez les jeunes. Malgré plusieurs campagnes de prévention, les résultats restent alarmants. Ainsi, 34 % de collégiens de troisième indiquent avoir déjà connu l'ivresse alcoolique ! Selon vous, quel ton faut-il adopter à l'égard des jeunes pour les sensibiliser et de nouvelles mesures de santé publique doivent-elles être prises ?
Cinquièmement, à l'occasion du cinquantième anniversaire de l'INSERM, le Président de la République a annoncé, la semaine dernière, que le budget de la recherche publique sera « sanctuarisé ». Cependant, au regard de l'objectif affiché de cinquante milliards d'euros d'économies, ne pensez-vous pas que les crédits de cet institut pourraient en pâtir ?
Enfin, la place de nos chercheurs est insuffisamment valorisée par rapport à des pays comme les États-Unis. Les rémunérations ne sont pas assez importantes, les budgets de la recherche sont resserrés et l'opinion publique reste trop peu sensibilisée à l'importance des avancées scientifiques. Nous assistons donc, impuissants, à un départ massif de nos jeunes chercheurs vers des pays plus accueillants. L'INSERM n'a-t-il pas un rôle pédagogique à jouer auprès des citoyens et des politiques pour inverser cette tendance ?