Intervention de Aloïs Kirner

Réunion du 10 avril 2014 à 16h45
Mission d'information sur la candidature de la france à l'exposition universelle de 2025

Aloïs Kirner :

« Many lives. One nature », « Tant de vie(s). Une nature ». Comment ce thème se traduit-il sur le terrain ?

En 2025, nous serons un village global. Nous aurons conscience de l'existence de nos similitudes et de nos différences, nous ferons tous les mêmes choses, mais différemment. Telle est la philosophie de notre thème.

Ce village global se décline en sept villages, qui incarnent sept facettes de l'Humanité. Cette liste, sur laquelle nous avons travaillé depuis le début du projet, est légitime bien qu'améliorable. Notre terrain de jeu, c'est la France et, avant tout, le Grand Paris.

Le Grand Paris et la plupart des infrastructures seront réalisés d'ici à 2020-2030 ; l'exposition universelle aura lieu en 2025. Nous cherchons donc à tirer parti de ces horizons temporels communs pour mettre en commun les moyens, les ressources, mais aussi les objectifs. C'était donc pour nous une évidence de travailler sur la base du Grand Paris.

Tout autour du Grand Paris, chacun des sept sites se spécialise déjà dans le thème que nous voulons lui attribuer. Nous réfutons l'idée selon laquelle l'exposition universelle serait une cité éphémère. Dans notre projet, chaque village a déjà une histoire, une spécialité au regard du thème que nous lui attribuons. Pendant six mois, il aura un présent et, après l'exposition universelle, un futur.

Nous installerons le village des « arts vivants et du cinéma » à Saint-Denis – où Luc Besson a ouvert sa cité du cinéma. Le village « sports et loisirs » s'installera à L'île de Puteaux, à proximité du Bois de Boulogne et de grandes installations sportives. Versailles – patrimoine majeur, où les touristes auront à coeur de se rendre à leur arrivée en France – accueillera le village des « beaux-arts ». Le plateau de Saclay sera dédié aux « sciences et à l'éducation ». Rungis, le marché de gros le plus important au monde, accueillera les « cuisines et l'agriculture» du monde. Le Bois de Vincennes sera consacré à la « nature et à la biodiversité ». Enfin, le projet immobilier Europa City, qui va émerger d'ici à 2020 au nord de Paris, sera consacré aux « modes et à l'habillement» du monde.

Parallèlement à ces sept villages, qui constitueront une toile autour de Paris, il y aura un huitième point géographique : le centre-ville. L'expérience de l'exposition débutera véritablement au centre de Paris, où sept monuments historiques donneront chacun un avant-goût de ce que vous pourrez découvrir à l'extérieur de Paris.

Cette approche crée des liens. Elle crée un lien entre le centre-ville et la banlieue. Le Grand Palais, par exemple, qui pourra accueillera le village « cuisines et agriculture », sera lié d'une manière thématique au Bois de Vincennes. Cette approche créera également un lien entre héritage et innovation. À cet égard, nous voulons reprendre la belle idée d'ExpoFrance, celle d'offrir aux nations participantes la possibilité d'investir le patrimoine de la ville, de s'approprier un monument. Nous pourrions, par exemple, mettre à l'honneur les pays d'Amazonie pour obtenir une superbe Tour Eiffel végétale !

Le plateau de Saclay, qui accueillera le village des sciences et de l'éducation, est un des sites clés du Grand Paris. Il est en passe de devenir une « Silicon Valley à l'européenne », avec 3 milliards d'investissements publics dans le futur proche et 50 kilomètres carrés de terrains disponibles. Il est donc tout à fait réaliste de l'intégrer au projet d'exposition universelle. Ce faisant, nous donnerions la possibilité aux nations participantes d'y exposer un de leurs pavillons pour faire valoir leurs travaux dans les domaines de la recherche, des sciences et de l'éducation. Nous donnerions également la possibilité aux acteurs non étatiques – ONG, grandes entreprises, institutions universitaires, centres de recherche – de présenter un pavillon, sachant qu'en 2025 ils seront, plus encore qu'aujourd'hui, des contributeurs majeurs de la recherche et de la science au niveau mondial.

Ainsi, nous pourrons visiter des pavillons appartenant aux nations désireuses de mettre en valeur leurs travaux scientifiques, par exemple, mais aussi des pavillons des Arts et métiers, de Sciences Po, d'Harvard, etc.

Vous l'avez compris, notre projet prévoit une articulation entre plusieurs sites autour de Paris. Mais qui dit plusieurs sites, dit déplacement d'un site à l'autre. C'est pourquoi, dans notre projet, les transports constituent un élément crucial.

D'abord, les transports seront innovants. L'exposition universelle est l'occasion de mettre en valeur les technologies innovantes. La France est à la pointe du progrès en matière de transports : elle pourra mettre en avant ce formidable atout.

Ensuite, les transports seront une expérience intégrée. Prendre le métro du Grand Paris pour vous déplacer d'un village à un autre vous permettra de voyager, de découvrir, d'être surpris… Comme vous le savez, le RER C, ligne qui dessert Versailles, a été entièrement décoré de reproductions de Versailles, notamment des magnifiques peintures de Le Brun. Cette idée nous a inspirés pour faire des transports un prolongement de l'expérience de l'exposition universelle.

Les transports seront également un moment social. Ils sont l'endroit où l'on est en contact avec le plus de personnes dans la journée, mais aussi où l'on est le plus anonyme. Nous cherchons à mettre fin à ce paradoxe, notamment grâce à l'« Expo up ». Une application sur votre smartphone vous permettra de vous connecter, par exemple dans les transports, avec les participants qui ont les mêmes centres d'intérêt que vous.

Enfin, les transports seront une expérience surprenante. L'exposition universelle est une fête où les gens s'amusent, elle doit donc surprendre. Lors de l'exposition universelle de 1900 à Paris, les Parisiens et les étrangers furent surpris, ravis, fascinés… de voir un trottoir roulant ! C'est un peu ce genre de sensation qu'il faudrait reproduire.

Dans notre projet, l'exposition universelle sera une offre de pavillons sur-mesure. Cet élément est fondamental.

Dubaï a remporté l'organisation de l'exposition universelle de 2020 parce qu'elle a déroulé le tapis rouge à toutes les nations participantes, en leur offrant un choix de pavillons sur-mesure, à la carte. Nous voulons mettre en place la même chose : offrir à chaque nation participante la possibilité de s'installer dans le pavillon qu'elle souhaite, comme elle l'entend. Les maîtres mots seront « modularité » et « liberté ». Grâce à une offre à la fois modulable et flexible, les pavillons pourront être physiques, virtuels, pérennes, temporaires, conservés ou démontés après l'exposition. Souvenez-vous : après l'exposition de Lisbonne en 1998, certains pavillons ont été conservés, déplacés et réutilisés, comme le pavillon de l'eau, devenu quinze ans plus tard un gymnase dans un parc en banlieue.

Ainsi, l'exposition universelle n'est pas une fin en soi. Elle permet, pendant six mois, de mettre à l'honneur le patrimoine existant, de créer des liens entre héritage architectural et innovation, mais aussi de proposer de nouvelles pistes. Notre philosophie est claire : laisser sa marque et revenir – « leave your mark and come-back ».

À l'image des amoureux du monde entier qui viennent sur le Pont des arts pour attacher un cadenas en symbole de leur amour, et qui peuvent revenir plusieurs années plus tard, chaque individu, chaque nation participante viendra à Paris, y laissera sa trace, pourra revenir dix ou quinze ans après et constater la trace de son passage. Pour traduire cette idée dans les faits, pourquoi ne pas imaginer que chaque participant puisse apposer sur les parois de la Petite ceinture une brique personnelle imprimée en 3D, créant ainsi une sorte de « walk of fame » universelle où il aura ses quinze minutes de gloire, mais pour l'éternité et dans le patrimoine parisien ?

Voyons maintenant comment convaincre les nations participantes de voter pour nous.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion