Intervention de Quentin Dubuis

Réunion du 10 avril 2014 à 16h45
Mission d'information sur la candidature de la france à l'exposition universelle de 2025

Quentin Dubuis :

Qu'est-ce qu'une exposition universelle au XXIe siècle ? D'abord un thème, car c'est lui qui fait l'identité première d'une exposition universelle. Pour que celle-ci soit attractive, et donc réussie, il lui faut un thème fort, fédérateur, qui nous touche tous, au-delà de nos différences de culture, de génération et de langue. Ce thème doit être, pour le visiteur, la promesse d'une véritable expérience immersible, sensitive et sociale – pas seulement d'une expérience visuelle, esthétique et intellectuelle, ce que permet facilement internet. Ce doit être enfin un thème innovant, qui peut parler du passé de l'humanité, de son héritage, de son présent et de son actualité, mais surtout de son avenir, et dessiner un avenir meilleur. J'ai donc l'honneur de vous présenter le thème que nous avons choisi pour l'exposition universelle de 2025 : « Le génie du corps ».

Quoi de plus universel, en effet, que le corps ? Tous les êtres humains, sur la planète, ont un corps. Tous les êtres sont un corps. Le corps nous rassemble tous. Et en même temps chacun a un corps unique, un corps qui lui est propre. La première force de ce thème, « le génie du corps », est d'être universel et personnel. Il peut s'adresser au monde, et s'adresser à l'individu.

L'autre force de ce thème est son inégalable richesse, en raison des nombreuses capacités que notre corps nous offre. C'est par notre corps que nous pouvons manger, boire, nous déplacer, danser, donner la vie, percevoir, communiquer, imaginer, nous projeter, nous relaxer, etc. Bref, c'est dans notre corps et par notre corps que nous vivons le monde. C'est par notre corps que nous vivons notre environnement, naturel et social.

Ce thème « le génie du corps » nous permet d'aborder les grands défis du XXIe siècle avec un regard un peu différent, un point de vue nouveau : celui du corps. Parler du corps, faire l'expérience du corps, c'est nécessairement faire l'expérience de notre rapport à l'environnement. C'est prendre conscience que notre santé est forcément liée à la santé de notre milieu et de notre planète. C'est aussi faire l'expérience de notre propre différence et de la différence des autres, et l'occasion d'aborder le « vivre ensemble ». Comment partager un espace qui soit adapté à tous, quelles que soient ses différences ?

Enfin et surtout, « le génie du corps » est un thème d'avenir. Car, pour l'essentiel, le corps reste à découvrir. Le corps demeure pour nous un mystère qui pose beaucoup de questions. Comment fonctionne-t-il vraiment ? Quelles sont ses réelles limites ? Jusqu'où peut-il aller, se transformer, se réinventer ? En ce début du XXIe siècle, la célèbre formule de Spinoza : « Nul ne sait ce que peut le corps » est plus que jamais d'actualité.

C'est cette idée qu'expriment, avec leur propre perspective, deux des personnalités que nous avons rencontrées pour ce projet :

Selon Alain Berthoz, professeur au Collège de France, aujourd'hui, dans une perspective à vingt ans, à cinquante ans, dans tous les domaines, il faut non seulement refonder une théorie, mais retrouver des savoir-faire qui réintègrent le corps en actes dans la vie sociale et dans la technologie. C'est un grand défi.

Selon Georges Amar, prospectiviste de la mobilité, le corps est intéressant parce qu'il est en train de changer – c'est ce qu'il entend par « génie du corps » : d'une part notre connaissance du corps, nos moyens d'action sur le corps et dans le corps se renouvellent, d'autre part le corps est en train de devenir l'instrument fondamental alors que dans l'histoire humaine, on a toujours eu l'impression que l'instrument était ce qui supplée aux limites du corps.

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