« Le génie du corps » est un thème innovant.
L'objectif de notre dossier était d'inventer un nouveau concept d'exposition universelle. La France a une légitimité historique en la matière : c'est elle qui a inventé le concept d'exposition universelle, et c'est elle qui héberge en son sein le siège du Bureau international des expositions universelles (BIE).
Nous avons construit notre dossier autour de trois thématiques fortes, qui sont chronologiques : l'« avant exposition universelle », qui consiste dans la préparation par toutes les nations, en amont de 2025, de ce gigantesque évènement ; le « pendant exposition universelle », qui recoupe l'expérience du visiteur, placé dans une démarche très active ; et l'« après exposition universelle », qui marque les logiques de pérennité spatiale et temporelle.
Nous avons bâti l'« avant exposition universelle » autour d'une logique de co-construction. Il s'agit, dans cette première étape, de mobiliser les nations. Nous sommes partis du constat que les sociétés avaient évolué depuis le XIXe siècle et que celles d'aujourd'hui sont à la fois multiculturelles et hyper connectées. Nous avons donc voulu accélérer ces dynamiques de relations internationales en jouant sur les interactions entre les nations.
Ce n'est plus la France qui s'expose, mais la France qui invite les autres pays à mettre en avant ce qu'ils ont dans leurs patrimoines nationaux. Derrière cela, l'idée est de supprimer les pavillons nationaux qui mettent en avant de façon atomisée les fleurons industriels ou culturels de chaque pays, et de jouer sur des processus de collaboration pour mettre en oeuvre des projets innovants en 2025.
Nous voulons placer dans une démarche active tous les participants de l'exposition universelle. Les visiteurs seront amenés à être acteurs de leur propre parcours, et les nations seront invitées à travailler main dans la main, en amont de 2025, sur des projets qu'elles créeront ensemble et présenteront à l'occasion de ce grand évènement.
Premier exemple de cette « co-création », dans le domaine des arts et spectacles : la construction d'un gigantesque son et lumière, dans le parc omnisports de Bercy, réalisé à partir d'une proposition de pyrotechniciens grecs qui travailleraient avec les Russes du Bolchoï et un producteur de Bollywood. Ainsi les nations seront-elles amenées à porter un nouveau regard sur les compétences qu'elles ont chacune en leur sein, et sur les identités qu'elles veulent mettre en avant. Cela donnera lieu à la création d'oeuvres inédites qui seront promues uniquement pour l'exposition universelle.
Deuxième exemple, dans le domaine médical : la création, à l'initiative de « Médecins sans frontières », d'un humanoïde à destination médicale qui les aiderait dans leurs interventions en cas de catastrophe naturelle, ce qui les amènerait à travailler avec les entreprises japonaises de robotique. De cette façon, les entreprises, les ONG, les organisations internationales seront représentées et pourront créer des synergies pour répondre à des besoins particuliers.
L'idée est aussi de rapprocher les peuples. Des populations très éloignées géographiquement se retrouveront autour de défis communs et mettront au point des solutions innovantes qui seront présentées en 2025 pour cette exposition universelle.
Le thème « génie du corps » est très large. Il englobe nombre de problématiques et de défis à relever. Aujourd'hui 168 États sont membres au BIE, ce qui représente autant de façons de s'approprier le thème du génie du corps humain. Et nous voulons faire en sorte que les nations y travaillent ensemble.
Nous avons préparé une petite vidéo sur la façon dont s'insèrent les nations dans ce processus de collaboration autour du thème du « génie du corps ». L'oeuvre qui sera présentée en 2025 sera constituée d'une mosaïque de projets innovants, qui représentera davantage qu'une simple exposition : un produit universel mis en place pour l'occasion.
Six sous-thèmes mettent en évidence la manière dont notre corps interagit avec le monde : culture et divertissement, pour notre corps qui crée ; artisanat et savoir-faire, pour notre corps qui fabrique ; environnement, pour notre corps dans la nature ; sciences et santé, pour notre corps soigné et étudié ; nouvelles technologies, pour notre corps augmenté ; villes et société, pour notre corps en communauté.
Ces six sous-thèmes seront préparés en amont au sein de six « Expofaces. »
Les « Expofaces » sont des interfaces qui permettront la construction, en amont de 2025, de tous ces projets. Concrètement, ce sont des laboratoires de projets itinérants, qui vont rayonner à travers le monde, et qui ont une double utilité : communiquer autour de la tenue de l'exposition universelle, en France, en 2025, et communiquer autour du sous-thème qu'elles représentent.
Elles constitueront des lieux de visite en soi, pour le monde diplomatique, pour le monde de la recherche, pour le corps médical, pour les dirigeants d'entreprise, pour le monde du spectacle. Elles agiront par ailleurs comme des laboratoires de projets, c'est-à-dire qu'elles rayonneront à travers le monde et proposeront aux nations de s'inscrire et de déposer des projets.
Elles partiront de France, quelques années avant 2025. Elles demanderont aux nations de créer des partenariats économiques, qui seront à la fois multinationaux et pluridisciplinaires, et de prendre une prise de participation horizontale. Ce n'est plus simplement un État, un gouvernement qui s'engage à participer en achetant un pavillon national en 2025, mais l'ensemble des acteurs économiques et des secteurs d'activité concernés par le thème du génie du corps qui agiront comme forces de proposition.
Toutes ces « Expofaces » vont rayonner. Nous jouons sur les nations, qui agiront comme des leviers pour notre exposition universelle, et comme des accélérateurs de mondialisation. Dans un tel schéma, les nations seront très libres. Elles choisiront de participer en fonction de leurs intérêts, de leurs compétences propres, et de leurs capacités financières. Elles pourront moduler leur participation dans chacun des six sous-thèmes en fonction de ces paramètres.
Enfin, les « Expofaces » vont revenir en France. Tous ces projets seront matérialisés sur notre territoire. La France invitera le monde à venir rêver chez elle pour découvrir toutes ces solutions innovantes. Ce ne sera plus une exposition passive mais très active, très pro active pour relever les défis d'après 2025. Les projets seront présentés aussi bien dans le Grand Paris, que sur l'ensemble du territoire français – et donc dans les régions.