Intervention de Michel Pascal

Réunion du 16 avril 2014 à 9h30
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Michel Pascal, directeur régional de l'environnement, de l'aménagement et du logement, DREAL du Nord-Pas-de-Calais :

La politique d'adaptation au changement climatique dans la région Nord-Pas-de-Calais s'est illustrée essentiellement par la mise en oeuvre du schéma régional du climat, de l'air et de l'énergie (SRCAE) copiloté par le préfet de région et le président du conseil régional. Grâce à la forte mobilisation des acteurs, nous avons élaboré des orientations précises et leur déclinaison concrète dans l'ensemble des politiques publiques.

Le SRCAE prévoit en premier lieu la réduction des émissions de gaz à effets de serre dans tous les domaines d'activité – industrie, tertiaire, transports – et le développement des énergies renouvelables. Je précise que la part des énergies renouvelables dans la fabrication d'électricité est en moyenne de 11 % en France mais qu'elle se limite dans notre région à 3 % pour la bonne raison que nous n'avons aucun barrage. C'est pourquoi nous avons décidé non pas de doubler notre production, conformément à l'objectif national, ce qui reviendrait à passer de 2 à 6 %, mais de la quadrupler. Cela montre qu'une politique régionale peut aller plus loin que la politique nationale.

Le SRCAE fixe aussi de nouveaux objectifs en matière d'urbanisation. Depuis dix ans, l'artificialisation des territoires a explosé dans la région, passant de 500 à 1 500 hectares par an. Sans aller jusqu'à supprimer l'artificialisation, nous souhaitons revenir à la dynamique qui prévalait de 1990 à 2000, et un des moyens en sera la densification autour des gares. Toutes ces orientations ont fait l'objet de documents d'application actuellement étudiés par le conseil régional.

Notre région est engagée dans une dynamique climat qui associe l'État, le conseil régional, l'ADEME, les deux conseils généraux, et leurs représentants se réunissent tous les deux mois pour faire avancer le SRCAE. Cette dynamique a par exemple suscité la création d'un observatoire régional de l'énergie et du climat qui permet de mesurer l'effet des politiques que nous menons.

Le schéma régional comporte en outre huit orientations liées à l'adaptation des territoires au changement climatique. S'agissant de la gestion de l'eau, nous avons contribué à l'élaboration du nouveau schéma directeur d'aménagement et de gestion des eaux (SDAGE). Notre région, si elle n'a pas de problème quantitatif s'agissant de l'eau, connaît des épisodes de sécheresse de plus en plus fréquents.

Le schéma régional propose en outre d'utiliser la nature pour prévenir les îlots de chaleur en ville.

Nous envisageons d'étudier, en collaboration avec l'INRA, l'évolution des pratiques agricoles car dans ce domaine nous devons savoir avec précision vers quoi nous souhaitons aller.

L'action la plus avancée est celle relative aux effets du changement climatique sur le littoral, afin de lutter contre les submersions marines, et grâce aux études menées depuis 2006 nous détenons désormais des mesures prospectives très précises concernant l'élévation du niveau de la mer. Ces études nous ont permis de constater le mauvais état de 90 % des dunes et de 25 % des ouvrages en dur et nous savons désormais que 20 000 personnes vivent, en regard des submersions marines, dans des conditions de précarité identiques à celles des victimes de la tempête Xynthia. Dans le cadre du programme de prévention des risques littoraux, nous avons constitué une cellule technique regroupant le conseil régional et le syndicat mixte de la Côte d'Opale et nous avons élaboré un plan d'action de travaux dont le coût est évalué entre 200 et 300 millions d'euros – c'est peu comparé au milliard d'euros que les Pays-Bas ont décidé d'engager chaque année jusqu'en 2100 dans le plan Delta, avec une gouvernance centrale qui plus est, alors que nous avons, nous, 25 propriétaires d'ouvrages de défense contre la mer. C'est trop, c'est pourquoi nous procédons actuellement à la constitution d'une gouvernance unique.

Nous avons étudié la situation du delta de l'Aa. Ce polder, situé entre Calais et Dunkerque, sur lequel vivent 500 000 personnes, perdure depuis six siècles grâce à un système d'assèchement. Agricole à l'origine, ce territoire s'est progressivement industrialisé, et on y trouve même aujourd'hui une centrale nucléaire, celle de Gravelines. Or à un horizon de dix ans, le système de pompage ne fonctionnera plus. L'institution des wateringues nous a demandé d'étudier un plan de financement et de mettre en place une nouvelle gouvernance pour accompagner les acteurs locaux dans une gestion durable du territoire.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion