Intervention de Jean-Philippe Deneuvy

Réunion du 16 avril 2014 à 9h30
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Jean-Philippe Deneuvy, directeur régional adjoint de l'environnement, de l'aménagement et du logement, DREAL de Rhône-Alpes :

La région Rhône-Alpes se caractérise par de forts contrastes : 16 % de la croissance démographique française sur seulement 8 % du territoire, une population concentrée dans les fonds de vallée, deux tiers de communes de montagne ; la région occupe la 6e place des PIB les plus élevés au niveau européen, mais son tissu industriel est très dépendant de la météo ; son économie repose sur des secteurs classiques – agriculture, forêt, tourisme – mais elle est aussi la première région hydroélectrique, du fait de la présence de nombreux barrages, ainsi que la première région nucléaire d'Europe.

La ressource en eau est totalement centrale dans notre région. Bien qu'elle abrite deux fleuves – le Rhône et la Loire – et trois des plus grands lacs de France – le Léman, Le Bourget et Annecy – la moitié du territoire rhônalpin est composé de nappes ou de bassins-versants en situation de déficit ou de tension. Cela nous a amenés à élaborer un plan d'adaptation aux effets du changement climatique dont le but est de gérer la ressource en eau dans le cadre du bassin Rhône-Méditerranée.

Cette initiative, soutenue par l'Agence de l'eau, a bénéficié de la contribution d'un collège d'experts, en particulier Hervé Le Treut, dont le rapport scientifique a permis de dresser des projections et d'analyser la vulnérabilité de différents secteurs du bassin au regard de critères comme la ressource en eau, le bilan hydrique des sols, la biodiversité, l'enneigement. Le plan propose une « boîte à outils » pour les politiques publiques ainsi que des mesures originales et prospectives, notamment pour les secteurs les plus vulnérables.

Le changement climatique s'observe déjà dans la région Rhône-Alpes. L'élévation moyenne du réchauffement de l'atmosphère s'élève à 0,74 ° Celsius sur la planète et à 0,9 ° en France, mais elle atteint 1,5 ° dans les Alpes. Cette différence explique pourquoi la question de l'adaptation était déjà prise en compte il y a cinq ans lors de l'élaboration du schéma régional du climat, de l'air et de l'énergie (SRCAE), comme elle explique la présence d'un chapitre transversal dédié à cette question et la création de l'observatoire régional des effets du changement climatique (ORECC) dédié à la diffusion des connaissances dans la région, et l'affluence constatée lors de son installation, en novembre dernier, notamment de la part des collectivités, est un très bon signe.

Au-delà de la consolidation des données, nous avons choisi d'orienter les travaux de l'ORECC vers la production d'indicateurs adaptés à notre territoire et ses usages en insistant sur la participation de tous les acteurs à l'adaptation. Deux groupes de travail ont été mis en place, l'un sur l'agriculture et l'autre sur le tourisme.

Le tourisme est le moteur de l'économie hivernale de notre région qui représente 9 % du nombre de nuitées au niveau national, dont 41 % pendant la saison hivernale. La région Rhône-Alpes est le plus grand domaine skiable du monde – elle a d'ailleurs accueilli trois fois les Jeux Olympiques.

Le groupe tourisme de l'ORECC a établi un diagnostic sur les impacts du changement climatique et analysé le degré de vulnérabilité de chacun des 106 domaines skiables de la région, dont 60 se situent en dessous de 1 500 m et 17 en dessous de 1 200 m. Ces altitudes sont particulièrement critiques puisque 1 200 m est l'altitude minimale qui assure aujourd'hui la viabilité économique d'un domaine, en fonction de la durée d'enneigement, mais avec le réchauffement attendu, la barre critique des 1 500, voire des 1 800 m, sera franchie.

Face à cette réalité, le groupe tourisme a évoqué la possibilité d'utiliser l'enneigement artificiel, technique particulièrement développée dans notre région, mais il s'agit là d'une question très sensible. Il faut avant tout éviter un débat manichéen et définir dans quels cas elle peut être une réponse adaptée.

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