Intervention de Patrice Carvalho

Réunion du 16 avril 2014 à 9h30
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPatrice Carvalho :

Je m'exprime au nom du groupe GDR. Le plan national d'adaptation au changement climatique (PNACC), issu de la loi du 3 août 2009 sur la programmation du Grenelle de l'environnement, définit des mesures concrètes et opérationnelles visant à préparer la France, à partir de 2011 et à échéance de 2015, à faire face aux nouvelles conditions climatiques.

Ces dernières sont identifiées à l'horizon du 21e siècle : hausse des températures, multiplication des périodes de canicule, sécheresses de plus en plus sévères. Ce processus affectera la vie de nos concitoyens et de nombreux secteurs d'activité dont l'agriculture, le tourisme, le BTP, les infrastructures.

Le PNACC accompagne et complète les actions de réduction des émissions de gaz à effets de serre. Ses intentions sont bonnes et je m'en félicite, mais ce qui intéresse les Français ce sont ses implications pratiques. Je prendrai deux exemples.

Nos grandes agglomérations ont récemment été confrontées à un pic de pollution qui s'est traduit par des mesures de réduction de la vitesse des véhicules puis, en Ile-de-France, par une journée de circulation alternée alors que nous nous trouvions à la fin du pic et que la mesure n'a pas été reconduite le lendemain. Cette disposition relevait plus de l'opération de communication que d'une véritable adaptation à l'une des manifestations du changement climatique. Elle a néanmoins mobilisé quelques milliers de policiers pour verbaliser les automobilistes – qui avaient été prévenus la veille ! – et surpris les mères de famille accompagnant leurs enfants à l'école qui n'ont pas été verbalisées à l'aller car elles entraient de ce fait dans le cadre du covoiturage, mais l'ont été au retour puisque les enfants n'étaient plus dans le véhicule. J'ajoute que la circulation alternée n'est pas une bonne solution car elle peut être contournée par les ménages qui possèdent deux véhicules.

Dans ce cas concret, avons-nous été à la hauteur des enjeux ? Quid du plan national d'adaptation ?

Nos concitoyens sont prêts à observer des règles – fussent-elles contraignantes – mais à condition qu'elles soient clairement définies et expliquées, et non édictées en fonction des circonstances et sans effets concrets.

Je suis naturellement favorable aux énergies alternatives, à condition toutefois qu'elles aient des effets réels sur le changement climatique. Prenons l'exemple de l'éolien : la législation a récemment évolué pour faciliter son déploiement sur tout le territoire. Mais la production d'énergie éolienne étant par nature intermittente, il faudra doubler le kilowatt issu de l'éolien par un kilowatt provenant de centrales thermiques, au gaz et à charbon, qui sont polluantes et émettrices de CO2.

Nous risquons donc de nous retrouver avec, sur notre sol, des milliers d'éoliennes à faible rendement qui nuisent à nos paysages et à la qualité de vie de nos concitoyens, sans compter les millions de m3 de cailloux, de gravats et de ciment enfouis en terre, alors que dans le même temps on refuse l'ouverture de nouvelles gravières ou l'extension de carrières.

Nos voisins allemands remettent en cause le développement de l'éolien et envisagent de cesser les incitations financières accordées à une solution qui surenchérit le prix du kilowattheure et aggrave les émissions de CO2.

Le choix entre différentes énergies est nécessaire si nous voulons que nos plans d'adaptation au changement climatique soient réellement opérationnels, mais je ne suis pas sûr que nous soyons dans cette logique aujourd'hui. D'autres énergies gagneraient à être développées, comme la biomasse, la géothermie.

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