Intervention de Ahmet Insel

Réunion du 16 avril 2014 à 9h45
Commission des affaires étrangères

Ahmet Insel, économiste et politologue :

Il convient de distinguer deux choses. Si l'on souhaite que les femmes deviennent maire ou député, dans une population où 65% des femmes se couvrent les cheveux, il faut distinguer la question de la laïcité de celle du port du voile. On peut considérer que la laïcité correspond à des signes extérieurs qui portent principalement sur les femmes puisque les hommes ne portent pas de signes extérieurs distinctifs et que même les hommes les plus réactionnaires peuvent devenir députés ou maires. Les femmes, elles, ne pouvaient pas devenir député, maire ou même fonctionnaire. L'AKP a cassé cette interdiction et je crois que le Parti a très bien fait de le faire, car dans quelques années, cela nous permettra peut-être de sortir de ce fameux clivage socio-culturel où les laïcs apparaissaient comme des gens qui méprisaient et qui empêchaient les femmes issus des milieux populaires d'être présentes dans la vie politique.

Il convient de réfléchir sur cette ambivalence. Est-ce que l'on considère que la laïcité est simplement au niveau des formes ou est-ce que cela correspond davantage au fait que les femmes participent davantage à la vie politique ? Par exemple, jusqu'en 2007, les étudiantes ne pouvaient entrer dans une université avec un foulard. Aujourd'hui, elles sont libres d'entrer dans l'université et la laïcité n'a pas pour autant reculée. Au contraire, les femmes sont maintenant plus indépendantes de l'AKP d'une certaine manière. Je pense qu'il est important que nous puissions, par le dépassement de la question du voile, préserver les femmes turques du monopole de représentation des conservateurs.

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