Je vous remercie pour eux et je partage cette satisfaction. Je ne doute pas que tous les membres de notre commission s'en félicitent aussi, comme l'ensemble du monde de la défense dans ses composantes militaires, civiles et industrielles.
Je suis heureuse d'accueillir, au nom de notre commission, le général Bernard Norlain, président d'honneur de la Revue Défense nationale.
Général, vous avez acquis au cours de votre brillante carrière une fine connaissance de la dissuasion. Je rappelle que vous avez été pilote de chasse, puis commandant de la force aérienne tactique de 1992 à 1994 ; vous avez également été chef du cabinet militaire du Premier ministre, de 1986 à 1989, et avez achevé votre carrière militaire en qualité de directeur de l'Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN). Vous participez activement et depuis longtemps au débat sur la dissuasion nucléaire. Vous avez notamment signé en 2009, dans le journal Le Monde, avec les anciens ministres Alain Juppé, Alain Richard et Michel Rocard, une tribune favorable au désarmement nucléaire mondial. Vous êtes, en outre, membre du mouvement Global Zero et avez cosigné en 2013, avec Paul Quilès et Jean-Marie Collin, un livre intitulé Arrêtez la bombe !
Ce matin, notre commission a auditionné le général Henri Bentégeat, qui a exposé une vision différente de la vôtre. Nous souhaitons, en effet, que puissent s'exprimer, dans un débat contradictoire au fil des auditions, les opinions de chacun. Permettez-moi de citer, en espérant ne pas vous offenser, un mot de Marc Bloch, historien assassiné par la Gestapo, qui fut aussi officier et a participé aux deux guerres mondiales. Développant dans L'Étrange défaite une analyse critique de la bataille de France, il déclarait qu'il était bon qu'il y ait des hérétiques, en d'autres termes, qu'il était bon de savoir s'éloigner des schémas traditionnels –souvent ceux de l'École de guerre.