Intervention de Robert Visser

Réunion du 15 avril 2014 à 16h30
Commission des affaires européennes

Robert Visser, directeur exécutif du bureau européen d'appui en matière d'asile :

En fin de semaine dernière, j'étais en Sicile, attendant le ferry vers Malte où se situent nos bureaux, quand est arrivé en face un bateau de la marine italienne avec à son bord plus de 140 migrants. Voici la réalité d'aujourd'hui, et elle est très proche de celle d'il y a dix ou quinze ans et dont chacun se rappelle. Cependant, il y a eu beaucoup changements depuis : à l'époque, il n'y avait pas encore de politique commune d'asile, et on ne parlait même pas de politique migratoire européenne. Nous entamons maintenant la deuxième phase de la politique commune en matière d'asile. Même si c'est un grand pas en avant, il y a encore beaucoup de choses à améliorer.

Nous distinguions auparavant les États membres fondateurs et les autres, opposant ceux du Nord et ceux du Sud. Nous voyons sur nos chaînes de télévisions des images de bateaux remplis de migrants, mais la réalité actuelle est plus complexe puisque l'immigration en provenance des frontières avec l'Est de l'Europe prend de l'importance. L'année dernière, parmi les cinq pays principaux recevant le plus de demandeurs d'asile, comptaient la Pologne et la Hongrie. Personne n'avait prévu ce changement. Les États membres deviennent tous des pays d'accueil de demandeurs d'asile, malgré leurs différences. Il est donc important pour nous, qui travaillons sur le côté opérationnel, de tenir compte de ces changements.

Dans ce contexte, que devra prévoir le prochain programme pluriannuel pour l'asile et l'immigration ? Premièrement, il impliquera nécessairement la transposition, la mise en oeuvre et la consolidation du paquet asile. Deuxièmement, il y aura d'autres phases dans le futur. La réalité de la migration de demain ne peut pas être prévue, comme personne n'a pu prévoir les migrations depuis la Syrie ou l'Afghanistan. Nous devons désormais être flexibles et ouverts aux changements. Troisièmement, le système commun d'asile n'est pas un but en soi, mais un instrument de convergence. Quatrièmement, la solidarité est un mot assez lourd et pas toujours bien précisé. Elle n'est pas à sens unique. En Europe, le système implique que les États membres prennent leurs responsabilités, puis vient la solidarité. Cela suppose une confiance mutuelle entre les États membres. Responsabilité, confiance et solidarité sont trois éléments essentiels.

Chaque jour, en tant qu'agence de coopération opérationnelle et pratique, le bureau européen d'appui doit se concentrer sur la valeur ajoutée pour les États membres, la Commission européenne et le Conseil. Le bureau analyse les tendances de l'asile pour l'Union européenne et la capacité des Etats à être préparés à gérer les flux migratoires. Il faut également gérer un système d'information commun. En effet, l'information sur les pays d'origine des migrants est essentielle. Enfin, il faut un système pour les situations d'urgence rencontrées en Grèce, en Bulgarie ou en Italie. Le bureau apporte un soutien le plus complet possible et couvre des missions variées.

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