Je vous remercie, Monsieur le président, de l'attention portée par les députés à une question somme toute mal connue. Je m'exprime devant vous ce matin en tant que représentant de la Conférence des classes préparatoires.
S'agissant de nos missions, la première d'entre elles est d'offrir au plus grand nombre possible de lycéens les moyens de répondre aux exigences de l'enseignement supérieur. Les classes préparatoires se situent exactement à la charnière du segment « bac – 3 ; bac + 3 », ou « lycée-licence », et elles doivent assurer la transition la plus fluide possible entre l'avant et l'après-bac en consolidant les connaissances et les méthodes de travail acquises dans le secondaire. Le moment du contact avec le supérieur est déterminant pour la réussite de tous. Dans un cadre qui est encore celui du lycée, rassurant et familier pour la majorité des élèves de classe préparatoire, leur est proposée une formation orientée d'emblée sur l'horizon bac + 2 – le concours –, ou bac + 3 – la licence et même davantage. L'objectif est de diplômer nos étudiants.
Au moyen d'un maillage serré de l'ensemble du territoire, les classes préparatoires offrent partout une formation initiale homogène, qui ouvre à tout élève motivé les portes des grandes écoles et de la réussite d'études longues. À cet égard, la densité du réseau est une qualité essentielle puisqu'elle permet à chacun d'étudier près de chez lui.
Ces classes doivent contribuer activement à la formation des cadres publics et privés dont la nation a besoin et aider ceux qui veulent le devenir, d'où qu'ils viennent, à y parvenir. Autrement dit, l'ouverture sociale et la réussite de tous les étudiants sont des maîtres mots pour les classes préparatoires aussi.
Quant à leurs spécificités, les classes préparatoires se caractérisent d'abord par leur efficacité. L'immense majorité des étudiants de classe préparatoire (entre 85 % et 95 %) valident leur deuxième année de licence – L2 – en deux ans, c'est-à-dire sans aucune perte de temps.
En outre, dans les filières scientifiques et commerciales, les taux d'intégration aux concours sont de l'ordre de 90 %. Ainsi, les concours contribuent plus à distribuer la réussite qu'à éliminer les candidats. Dans la filière littéraire, le « mauvais élève » en quelque sorte, les taux d'intégration sont montés jusqu'à 25 % grâce à l'ouverture raisonnée et résolue des débouchés opérée par la banque d'épreuves littéraires qui donne accès, par exemple, à des écoles de commerce et à des instituts d'études politiques. Si on ajoute les poursuites d'études à l'université en troisième année de licence (L3) et en première année de master (M1) pour les littéraires, on atteint les mêmes pourcentages de réussite que dans les autres filières.
La deuxième spécificité des classes préparatoires réside dans leur installation dans le lycée, avec ce que cela implique de conservation des habitudes d'assiduité, de ponctualité et de stabilité du groupe classe qui donne des repères psychologiques pendant le cursus. Par ailleurs, les élèves bénéficient d'un encadrement rapproché de la part des équipes de vie scolaire et des professeurs.
Ensuite, le recrutement des professeurs repose sur l'excellence disciplinaire et l'engagement pédagogique joue un rôle essentiel. Il permet une prise en charge attentive des étudiants, favorisée par un horaire de cours important, des devoirs écrits et des interrogations orales réguliers, qui contribuent à un travail partagé entre professeurs et étudiants. L'excellence disciplinaire suppose un contact très régulier avec la recherche et permet en propédeutique d'orienter précocement les élèves dans un parcours de recherche.
Par ailleurs, le travail en petits groupes, qu'il s'agisse des travaux dirigés, des travaux pratiques, des « colles » ou des cours d'option chez les littéraires, et la responsabilisation très forte des professeurs – la plupart n'enseignent que dans une classe – rendent le contact avec les élèves très fréquent, très étroit et très confiant. Une telle proximité facilite les progrès et l'acquisition des méthodes nécessaires par les élèves.
En définitive, les classes préparatoires transforment des lycéens en étudiants.
Dernière spécificité, la réactivité et la capacité d'innovation. Depuis 1995, le système est réformé en profondeur environ tous les cinq ans, qu'il s'agisse des programmes ou des structures (cursus des écoles de commerce porté à deux ans ou concours presque commun entre les écoles normales supérieures de Lyon et d'Ulm). L'obligation de résultat contraint les professeurs à réagir très vite et à adapter continuellement leurs méthodes de prise en charge des élèves, à exploiter les nouveaux outils, numériques notamment, pour mutualiser le travail – les classes préparatoires sont un lieu de travail collectif et commun – et la recherche documentaire.
En conclusion, les CPGE ont pour spécificité de placer l'élèveétudiant au coeur du système. Elles sont par ailleurs en prise sur le monde, un monde qui se transforme. Les méthodes et les outils changent, tout comme les attentes des écoles, des élèves, des entreprises, des universités. Il s'agit d'un système extrêmement réactif et adaptable, qui est d'ailleurs fréquemment sollicité par le ministère. Elles sont donc un service public ouvert à tous, attaché à l'être, et constamment soucieux de la réussite de tous les étudiants, en conformité avec les objectifs centraux des ministères d'hier et d'aujourd'hui.