Il y a quelques mois, Vincent Peillon, ancien ministre de l'éducation nationale, a voulu faire passer une réforme se traduisant par une amputation du revenu des professeurs de classe préparatoire entre 10 % et 20 %. Quel terrible signal de la part d'un gouvernement qui se disait prêt à revaloriser le métier d'enseignant, à donner plus de place à l'apprentissage, et même à réformer l'éducation nationale ! Quel mépris à l'égard de ces quelque 8 000 professeurs qui s'impliquent chaque jour dans la réussite de leurs élèves ! Ce métier ne se résume pas à donner quelques heures de cours répétés d'année en année.
Le format des classes préparatoires présente l'avantage de permettre à l'enseignant de bien connaître son élève, d'évaluer ses forces et ses faiblesses pour le faire progresser. Nous critiquons suffisamment les nombreux cursus universitaires qui dépersonnalisent les étudiants pour mesurer la chance que représentent les classes préparatoires pour les jeunes.
Certes, elles peuvent paraître encore trop fermées, renvoyer une image trop négative. Une meilleure information est indispensable pour faire connaître aux futurs étudiants cette voie d'excellence et leur montrer qu'avec détermination et travail, chacun peut y accéder.
Nous ne pouvons cependant pas nier les différences de niveau entre les collèges ou les lycées de notre pays. Le dernier classement PISA est accablant et l'apprentissage recule en France. Le constat est malheureusement sans appel. Notre pays est dans une situation particulièrement préoccupante. En effet, nous ne pouvons plus dire que tous les jeunes quittent le système scolaire en ayant acquis les savoirs fondamentaux. Pour autant, il serait aberrant de penser que c'est en réformant les classes préparatoires au profit des zones d'éducation prioritaires que le fossé va se combler. Bien sûr, il faut prendre les mesures adéquates en faveur des professeurs de ZEP qui exercent leur métier avec courage et dévouement dans des conditions souvent difficiles, mais vouloir modifier un système qui fonctionne sous prétexte d'en améliorer un autre en difficulté n'est pas une solution. Elle pénaliserait les élèves qui travaillent dur pour réussir, des élèves méritants venant de tous les milieux sociaux mais rassemblés par une même envie d'apprendre. Nombreux sont ceux qui tiennent des discours réducteurs arguant que les classes préparatoires sont réservées aux élèves venant de milieux sociaux favorisés. Or les chiffres montrent qu'elles accueillent aujourd'hui près de 30 % de boursiers.
La question est donc de savoir comment nous pouvons combler les écarts de niveau entre les lycées pour que tous les élèves aient en main les cartes pour réussir et choisir une filière qui leur correspond. De nombreux élèves ont les compétences pour suivre une classe préparatoire aux grandes écoles, une formation certes exigeante mais tellement enrichissante. Elle ne prépare pas seulement aux concours, elle mise sur le long terme en apprenant des méthodes de travail, en éveillant la curiosité des élèves et en leur donnant envie de se surpasser.
Hélas, la méritocratie est devenue un gros mot, et l'élitisme le nouveau symbole de la lutte des classes. Comment prétendre offrir un meilleur enseignement avec une telle mentalité ? Les classes préparatoires sont perfectibles, bien entendu, et personne ne reste insensible aux discours de jeunes étudiants ayant perdu pied face à la charge de travail et à la pression. Les enseignants doivent aussi jouer un rôle de soutien que certains oublient parfois.
Les classes préparatoires doivent également s'ouvrir davantage à d'autres élèves désireux d'apprendre et qui ne connaissent pas cette opportunité. Un travail de sensibilisation doit être effectué en amont, dans les lycées, mais elles doivent aussi garder leur vocation d'excellence. La sélection reste un processus sain. La France a besoin de talents intellectuels et manuels ; chacun dans son domaine doit rechercher l'excellence.
En conclusion, la France est incapable de valoriser ses chercheurs qui sont pourtant parmi les plus talentueux au monde. Faute de perspectives, ils partent à l'étranger. Nos chercheurs sortent justement des classes préparatoires, les mêmes qui sont pointées du doigt alors qu'elles forment l'élite de demain. Pour le groupe UDI, il est encore temps de stopper l'hémorragie et de cesser de stigmatiser nos brillants étudiants.