Madame Daverne, votre ouvrage est axé sur les classes préparatoires de proximité, réputées moins élitistes. Néanmoins, parmi les bons élèves que vous avez interviewés, le nombre de fils et filles d'enseignants, d'ingénieurs, de médecins l'emporte largement sur celui des enfants d'ouvriers, d'employés et de chômeurs. Un tel constat conduit à relativiser le taux élevé de boursiers qui y est observé. En outre, on peut en déduire que de bons élèves potentiels ne sont pas – ou ne se sont pas – autorisés à prendre cette orientation sélective.
Certes, les classes préparatoires ont fait des efforts ces dernières années en multipliant les partenariats avec les lycées des zones défavorisés mais il n'empêche que le système éducatif exclut très rapidement les enfants des milieux les plus populaires, comme le montre l'ouvrage de Camille Peugny intitulé Le Destin au berceau. Inégalités et reproduction sociale. Sur quels leviers pourrait-on agir pour démocratiser le système scolaire le plus tôt possible et éviter l'exclusion, pour des raisons culturelles et sociales, d'enfants qui pourraient être de très bons élèves ?