Intervention de Marc Even

Réunion du 16 avril 2014 à 9h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Marc Even, représentant la Conférence des classes préparatoires, président de l'Association des professeurs de premières et de lettres supérieures :

Je vais répondre aux questions sur les classes préparatoires littéraires, ce qui me permettra aussi de traiter celles sur les rapports avec le monde universitaire.

Le taux d'intégration – 25 % – dans la filière littéraire est beaucoup plus bas que dans les autres filières mais il n'y a pas pour autant trop d'étudiants parce qu'ils se forment et qu'ils en tirent bénéfice, si ce n'est à bac+2, ce sera à bac+3 ou +5 et au-delà, par exemple en passant les concours de recrutement de l'éducation nationale avec un succès remarquable : plus de 85 % de réussite. Une très grande majorité des lauréats du CAPES et de l'agrégation est ainsi issue des classes préparatoires. Penser les parcours sur le très long terme fait aussi partie de nos spécificités.

Les étudiants intègrent les écoles normales supérieures, mais aussi des écoles de management – 400 en 2013, soit deux fois plus que dans les écoles normales supérieures. Ils rejoignent aussi des écoles de communication comme le CELSA ou de traduction interprétariat comme l'ESIT. En tout état de cause, il est hors de question de considérer que les étudiants qui poursuivent leurs études en L3 ou en M1 ne sont pas en situation de réussite. La filière littéraire est la propédeutique d'une formation qui, dans la majorité des cas, se poursuit avec succès à l'université. Par ailleurs, une composante de droit est en train de voir le jour avec le développement des conventions qui donneront des équivalences permettant de se présenter aux concours de la fonction publique territoriale ou d'État. Il n'y a pas lieu d'opposer les voies classe préparatoireuniversité.

Aucun a priori, aucun préjugé, aucune méfiance n'existe entre professeurs de classe préparatoire et le système universitaire. Au contraire. Nous avons développé les conventions de manière précoce, et elles sont très précises si bien que des étudiants qui « cubent », c'est-à-dire qui redoublent leur deuxième année, pourront entrer directement en M1.

De manière plus générale, les relations des classes préparatoires avec l'université ne rompent pas le continuum bac–3bac+3. M. Jolion et M. Hetzel ont vanté à juste titre la richesse tirée de la diversité et il y a une compatibilité et une complémentarité parfaites entre les formations délivrées initialement dans les CPGE et celles dispensées à l'université, ou dans les grandes écoles.

En bref, dans les lycées, la filière L fait l'objet d'une certaine désaffection mais au-delà, les choses sont différentes. Dans les autres filières aussi, tout se joue dans l'information et dans la représentation que les élèves, leurs parents et, souvent, nos collègues du secondaire se font du système. Il faut faire circuler l'information et expliquer que les débouchés existent, que les réussites sont possibles et que, in fine, ce ne sont pas les professeurs qui manipulent la barrière sociale. L'autocensure joue un rôle essentiel. Les inégalités du secondaire que démasquent PISA prouvent que les inégalités existent très en amont des classes préparatoires. Les statistiques montrent qu'après deux ans de classe préparatoire, les écarts de performance entre boursiers et non-boursiers aux concours sont moins grands qu'au baccalauréat. L'ouverture sociale existe et fonctionne.

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