Il n'est pas question, je le répète, d'opposer les systèmes dont la coexistence contribue à la richesse du système éducatif. On se tromperait en voulant dénaturer ce qui peut paraître comme de la complexité mais qui est le signe aussi de la performance.
Cependant, avec les moyens qui lui sont alloués, le ministère de tutelle fait en sorte que les classes préparatoires publiques soient complémentaires des autres segments du supérieur, pour permettre aux jeunes d'accéder aux formations post-bac.
Monsieur Hetzel, les conventions ne sont pas le fruit d'une démarche technocratique. Elles existaient et la loi permet seulement de les généraliser, en particulier pour les sections de techniciens supérieurs, qu'il ne faut pas oublier. Au-delà du modèle proposé par le ministère aux recteurs, les conventions s'élaborent localement dans le cadre de partenariats sans que l'État s'en mêle. Nous avons souhaité revaloriser la commission académique des formations post-bac pour que le recteur anime la discussion entre l'enseignement scolaire et l'enseignement supérieur. L'autonomie laissée aux acteurs permettra de tenir compte des spécificités de chacun. La loi précise bien que les conventions doivent être passées avec des EPSCP, non des universités. Parmi eux, figurent notamment des écoles qui recrutent post-bac – je pense aux instituts nationaux des sciences appliquées (INSA) ou aux universités de technologie – et les communautés d'établissements, ce qui ouvre la voie à des partenariats avec les grandes écoles qui les constituent. La particularité des CPGE, c'est l'inscription obligatoire des élèves à un EPSCP.
Dans le projet de convention soumis aux recteurs, il est indiqué que la convention doit préciser les modalités de perception des frais d'inscription par l'ESPCP et le fléchage des recettes correspondantes sur les fonctions d'accompagnement et le projet commun.
Les classes favorisées sont surreprésentées dans les classes préparatoires mais cela ne fait que refléter l'expression des voeux émis par les jeunes. La sélection sur dossier n'introduit pas de biais et c'est la raison de la décision de mettre l'accent sur le –3+3, de façon à offrir à tous un accès à l'enseignement supérieur, dans le cadre d'une orientation qui doit être mieux accompagnée et plus réfléchie. C'est l'objet du conseil d'orientation anticipé en classe de première. L'orientation est une compétence qui s'acquiert. La loi prévoit désormais que les jeunes bacheliers professionnels et technologiques auront un accès prioritaire aux BTS et DUT. Ces mesures importantes ont déjà porté leurs fruits. Notons que c'est à l'université que le public est le plus représentatif de la diversité de la société.
Au-delà d'une orientation plus adaptée, une autre piste serait une amélioration de la formation des enseignants et des personnels d'éducation qu'a engagée la loi de refondation de l'école de la République autour d'un principe simple : l'enseignement est un métier qui s'apprend. Les écoles supérieures du professorat et de l'éducation formeront une nouvelle génération plus proche des jeunes. Placées au sein des universités, ces écoles ne constitueront pas un système à part mais elles seront bien ancrées dans l'enseignement supérieur.
En conclusion, il ne faut comparer que ce qui est comparable et ce n'est pas le cas d'un système sélectif et d'un autre qui ne l'est pas. De la même manière, il ne serait pas acceptable de considérer les CPGE comme la voie noble par opposition à celle qui ne le serait pas. Elles constituent, comme l'université, une voie d'accès à l'enseignement supérieur, et les deux doivent être soutenues. J'insiste beaucoup parce que, souvent, ces faux débats masquent le véritable enjeu qui est de permettre à un maximum de jeunes d'accéder à l'enseignement supérieur.
Une ultime précision. Il n'y a pas 80 % des titulaires de DUT qui accèdent aux grandes écoles, mais 80 % qui poursuivent leurs études, très majoritairement au sein de l'université. Les plus scientifiques terminent, assez logiquement, dans les écoles d'ingénieurs, en particulier dans l'informatique où les besoins sont très importants. Et, dans ces écoles, 50 % des élèves ne proviennent pas des CPGE, mais des premiers cycles intégrés. À l'INSA de Lyon, le premier cycle accueille 1 000 élèves. Par ailleurs, nombre de ces écoles sont rattachées à des universités qui abritent aussi quelques classes préparatoires. Il n'y a donc pas de raison d'opposer les deux systèmes.