Beaucoup de choses ont été dites. J'articulerai mon propos autour de trois axes : les raisons de mon adhésion au projet ; l'international et la diplomatie ; la construction du projet.
Mon intérêt pour le projet trouve son origine dans le communiqué du 26 juillet 2011, qui a été pour moi comme Saint-Paul sur le chemin de Damas, monsieur le président ! On y trouve déjà tous les axes du projet : s'insérer dans la mondialisation, stimuler la croissance, l'attractivité de la France, avec un socle culturel très fort, une grande intelligence collective, une certaine ouverture au monde, des valeurs de créativité et de partage, les leviers de la culture et des nouvelles technologies. Cette exposition sera un espace de créativité, associant architectes, urbanistes, écoles. Ainsi, elle permettra des acquis extraordinaires, comme l'ont fait celles de la fin du XIXe siècle, et elle favorisa les industries créatives, elles-mêmes créatrices d'emplois.
Pour la mise en place du projet, j'ai trouvé extrêmement intelligent de commencer par les plus réticents, je veux parler des caciques du Bureau international des expositions (BIE) qui ont regardé les concepts présentés par le maire de Neuilly avec un certain effroi… Depuis lors, l'espace s'est resserré ; en revenant aux sources originelles des expositions du XIXe siècle, on a commencé à convaincre certains qu'on n'était pas dans l'hérésie !
Un comité de soutien a été mis en place. Lors de la conférence de presse de mars 2012, je suis intervenu pour parler de la lutte contre le « déclinisme », le repli sur soi. Ce qu'il faut mettre en avant, de façon positive, c'est l'adhésion à une mondialisation à visage humain.
Grâce à ce grand événement, la France donnerait rendez-vous au monde en 2025. Il mobiliserait la jeunesse, qui aura alors l'âge des responsabilités, d'où le concours des universités et grandes écoles. Créée en décembre 2012, l'association a établi une liste de partenaires fondateurs et d'une dizaine de grandes écoles. Vous-même, monsieur le sénateur, avez présidé une réunion très importante au Sénat, suivie du congrès des maires de France et de la création de cette mission.
Cette mission s'est fixé pour objectif de contribuer au rayonnement de la France. À cet égard, je me permets de vous rappeler que si nous sommes relativement bons dans le « hard power », à tout ce qui est quantifiable, comme l'économie, la démographie, la puissance militaire, nous sommes assez mauvais dans le « soft power » – notion beaucoup plus subtile qui renvoie à notre capacité de convaincre, de séduire, d'attirer. Or nous avons face à nous des requins redoutables, à commencer par les autres pays européens, les États-Unis et les pays émergents.
Nous allons essayer de créer quelque chose de fondamentalement participatif et attirer les États et les visiteurs, ce qui est tout de même très innovant, à l'événement dans des édifices essentiellement virtuels qui reposeront sur notre patrimoine. Cette notion d'innovation va constituer pour le Grand Paris un élément de promotion exceptionnel durant six mois. À l'opposé de l'image d'un pays pessimiste et empêtré dans ses contradictions politiques, sociales, économiques, c'est une image de la France créative, hospitalière, dynamique, riche de ses atouts traditionnels, qui sera projetée au monde ! Il faut comprendre que les Américains viennent d'abord chez nous pour le traditionnel – le shopping de madame et les jolis monuments – avant de s'intéresser au reste ! Ainsi, le « soft power », c'est notre patrimoine, la gastronomie, la langue, ainsi que la recherche, nos brevets, notre inventivité.
Comment gagner ? En tant que directeur des sports, j'ai vécu des échecs cuisants, et je sais de quelle manière on peut en tirer les leçons…
Lorsque le projet aura pris forme, il faudra sans doute approcher le plus vite possible tous les pays – chaque pays dispose d'une voix –, mais aussi expliquer aux gens, comme l'ont fait les Anglais pour les JO de 1012, en quoi le projet est intéressant pour eux. Il s'agira d'un travail extrêmement interactif, et les pavillons virtuels seront une nouveauté extraordinaire en ne créant plus l'inégalité des pavillons traditionnelle. Comme vous le savez, l'inégalité des pays transpire dans les expositions classiques ; en 2025, ce ne sera plus le cas, grâce notamment à des activités partagées.
Ainsi, un grand nombre d'événements associeront les États et leur permettront de se mettre en valeur. Comme l'a souligné un de mes collègues, auditionné précédemment, il faut surtout s'occuper des petits pays, puisqu'ils pèsent proportionnellement plus et ont la même voix au BIE.
Enfin, je dirai que l'arrogance nous « colle à la peau », notamment aux États-Unis. Le Français arrogant, mal élevé et content de lui : c'est évidemment ce qu'il va falloir changer. Pour réussir, nous aurons besoin d'ambassadeurs, mais aussi et surtout de spécialistes, d'un réseau qui aille bien au-delà de ce que j'ai connu pour les Jeux Olympiques. Nous devrons nous battre, car la compétition sera redoutable avec certains pays, à commencer par l'Angleterre.