Intervention de Amiral Bernard Rogel

Réunion du 16 avril 2014 à 9h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Amiral Bernard Rogel, chef d'état-major de la marine :

En réponse à la dernière question, j'estime qu'il est bon que se tienne un débat sur le nucléaire. Il s'agit d'un enjeu important pour notre pays auquel est apportée une réponse politique, que les militaires ont la charge d'appliquer. Pour revenir au coût de la dissuasion, élevé il est vrai, je voudrais faire un calcul simpliste mais nécessaire : si l'on ramène le coût annuel de l'agrégat nucléaire qui est de 3,5 milliards d'euros au nombre de notre population, le coût de la dissuasion est de 5 € par mois et par Français. Est-ce trop cher pour notre sécurité ? C'est une donnée que d'aucuns jugeront peut-être contestable mais qu'il convient de prendre en compte. Par ailleurs, les forces stratégiques de la marine comptent environ 2 000 personnes, ce qui correspond au nombre d'employés municipaux d'une commune de 100 000 habitants. L'appréciation politique de l'intérêt de la dissuasion vous appartient. En ce qui concerne la sanctuarisation, il convient d'observer que la part du nucléaire a beaucoup baissé en application du principe de stricte suffisance.

La question des soins en mer est primordiale car une mission de 70 jours ne peut se dérouler en toute sérénité sans l'assurance d'être soigné le moment venu. Nous comptons à ce jour 83 interventions à bord, parfois multiples, sous anesthésie générale, du syndrome de Meckel à l'appendicectomie. La contribution du Service de santé des armées est à ce titre indispensable au bon déroulement des patrouilles et à la confiance de l'équipage.

En matière de ressources humaines, mon problème réside aujourd'hui plus en la fidélisation de mon personnel qu'en son départ et sa reconversion. Comme l'a dit l'amiral de Coriolis, les sous-marins sont une base spatiale propulsée par une centrale nucléaire et aucun de ces deux secteurs n'est en crise dans le privé, qui a beaucoup d'appétence pour les spécialistes issus de la marine. Il convient donc de leur offrir des conditions de vie et rémunération au moins égales à ce qu'ils pourraient trouver dans le civil.

Je ne pense pas qu'il existe aujourd'hui de combat de périmètre en ce qui concerne la FANu. Un porte-avions doté de l'arme nucléaire représente une force démonstrative hors du commun et il n'est que de voir combien sont observés en période de crise, comme dans le cas de la Syrie, les moindres déplacements des bâtiments, ne serait-ce que pour un exercice. Je rappelle que la FANu n'est pas une force permanente mais une force complémentaire qui ne possède ni armes, ni pilotes, ni avions dédiés. La seule question qui se pose est l'adaptation du porte-avions à l'embarquement d'armes nucléaires.

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