Intervention de Amiral Charles-édouard de Coriolis

Réunion du 16 avril 2014 à 9h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Amiral Charles-édouard de Coriolis, commandant des forces sous-marines et de la force océanique stratégique :

La détectabilité est une préoccupation permanente. Des progrès très importants ont été réalisés entre la génération du Redoutable, M4 compris, et celle des Triomphant au terme d'un programme de recherche et développement poursuivi aujourd'hui, dans le cadre de l'adaptation à l'évolution de la menace, par des études amont portant sur les sous-marins d'attaque et la discrétion, acoustique et non acoustique. Le sous-marin de troisième génération bénéficiera de dispositifs permettant de maîtriser ses rejets. Ces rejets seront soit réduits par stockage à bord, soit transformés pour assurer leur innocuité. Les études portent simultanément sur la discrétion intrinsèque et la capacité de détection. Ainsi les objectifs de bruit rayonné des sous-marins nucléaires d'attaque ont considérablement diminué tout en conservant l'allonge dans la détection, c'est-à-dire la capacité de détecter avant de l'être. Le problème se pose différemment pour les SNLE. Le Triomphant pèse 14 000 tonnes et compte seize tubes lance-missiles, comme la génération précédente d'un poids de 9 000 tonnes, les 5 000 tonnes supplémentaires relevant de la discrétion acoustique avec notamment des berceaux suspendus qui nécessitent un diamètre supérieur d'environ deux mètres ou des berceaux machines de 600 tonnes posés sur des amortisseurs de type silent-block. Les recherches sur les sous-marins de troisième génération portent, par exemple, sous l'angle du rapport qualitécoût, sur les dispositifs de furtivité et les matériaux anéchoïques.

J'isole trois éléments en matière de fidélisation du personnel : la mission ; la formation, très recherchée par les entreprises civiles, qui savent ce que valent nos atomiciens, à telle enseigne que la direction du personnel de la marine, sous les ordres de l'amiral Rogel, a dû passer des conventions avec les acteurs civils pour éviter que nos personnels soient débauchés prématurément ; et, en dernier lieu, les avantages financiers. Ils portent moins sur les primes, qui ont peu évolué depuis vingt ans, que sur le calcul des annuités accordées au nombre de trois pour une année à la mer et représente une incitation forte en matière de pension.

La formation est naturellement une préoccupation constante, le défi étant de l'adapter et de l'optimiser tout en assurant le nombre de paliers nécessaires auquel veille scrupuleusement le délégué à la sûreté nucléaire de défense. L'aspect masse critique des ressources humaines est intéressant : si la FOST compte 2 400 personnes, elle ne comprend que 180 experts atomiciens sur lesquels repose la sécurité de mise en oeuvre des sous-marins à la mer. Cela fonctionne dans le format actuel mais cela ne serait peut-être pas le cas demain si la partie entraînement devait être réduite.

Les blessures à bord sont de plusieurs natures, des fractures, des abcès, des appendicites, des symptômes de Crohn difficiles à diagnostiquer mais nos médecins sont de véritables urgentistes qui, à l'issue de leur affectation dans les forces sous- marines, s'ils ne demeurent pas dans la radio-protection, se dirigent souvent vers la chirurgie car ils sont à même de réaliser des interventions très diverses, leur contrat étant de donner en toutes circonstances le temps nécessaire au commandant avant de procéder à une évacuation sanitaire avec les moyens d'alerte de la marine.

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