Intervention de Arnaud Montebourg

Réunion du 30 avril 2014 à 9h00
Commission des affaires économiques

Arnaud Montebourg, ministre de l'économie, du redressement productif et du numérique : point sur le dossier Alstom :

Faut-il nouer une alliance ou développer une stratégie française ? Vous ne pouvez pas nous reprocher d'effrayer les investisseurs étrangers et nous dire en même temps qu'il faut une solution française. Notre stratégie consiste à souhaiter la bienvenue aux investisseurs, que ce soit Siemens ou General Electric, tout en défendant notre souveraineté nationale, comme tous les États. C'est naturel et légitime.

Je rappelle que dans l'affaire Pechiney et la prise de contrôle par Alcan et Rio Tinto, qui avait provoqué la dispersion de tous les actifs, nous avions appliqué un décret pris par M. de Villepin, alors Premier ministre. Et dix ans plus tard, je reconstitue les morceaux de Pechiney par une alliance franco-allemande entre Rio Tinto et l'entreprise Trimet dans la vallée de la Maurienne. Voilà où mène l'absence de réaction en termes de souveraineté !

Nous avons des exigences et elles ont été formulées : nous sommes favorables à des alliances, mais pas à des absorptions car nous voulons conserver nos centres de décisions.

Je vous invite à comparer un centre de décisions français ou européen et un centre de décisions d'un autre pays situé au-delà des océans. Vous constaterez qu'ils sont très différents. Dans les alliances franco-allemandes, que ce soit en Allemagne quand Areva décide de fermer un site ou en France avec Bosch, nous disposons de cordes de rappel – à savoir des éléments de discussion et de négociation. Nous avons le même modèle social, qui associe les organisations syndicales. Les choses sont différentes aux États-Unis. C'est un grand pays que nous respectons, mais il est différent et nous n'y avons pas les mêmes possibilités d'intervention.

Jean-Pierre Chevènement, auquel je rends hommage car il a été un grand ministre de l'industrie, m'a téléphoné hier pour m'indiquer qu'à Belfort General Electric avait supprimé 178 emplois. Et ce que nous disait à l'instant Philippe Baumel, député de Saône-et-Loire, concernant des investissements qui avaient été prévus mais n'ont pas été réalisés, est vrai, je le sais parfaitement.

Nous devons accroître la pression pour obtenir davantage, à savoir des alliances et un renforcement de la branche transport d'Alstom, plutôt que le contraire. C'est l'élément fondamental.

Quant aux conditions dans lesquelles nous pourrions bloquer le rachat, nous avons déjà utilisé le décret et la réponse nous a été donnée par M. Immelt. À l'instar de Siemens, le PDG de General Electric est prêt à détourer la partie des turbines en rapport avec l'industrie nucléaire, mais nous ne pouvons pas, au titre de ce décret, bloquer la totalité du rachat.

J'ai réuni hier les représentants des cinq centrales syndicales – CFDT, CGC, CFTC, CGT et FO – pour leur communiquer les informations dont je disposais. À l'issue de l'entretien, voici ce qu'ils ont déclaré à l'unanimité :

« Pour nos organisations syndicales, qui l'ont dit clairement au ministre, c'est une solution de consolidation d'Alstom dans son intégrité et son indépendance qui doit être privilégiée par le Gouvernement. Cela passe nécessairement par une évolution du capital du groupe puisque l'actionnaire de référence, M. Bouygues, a manifesté sa volonté de céder sa participation dans le groupe Alstom.

« Nos organisations syndicales ont demandé au Gouvernement d'envisager y compris la montée de l'État au capital d'Alstom – il n'en détient actuellement que 0,9 % et le carnet de commandes d'Alstom est majoritairement le fait d'entreprises ou de fonds publics – ce qui donnerait les moyens de dessiner une solution garantissant la pérennité du groupe Alstom, la préservation des emplois et des intérêts de la France ».

Cette question des organisations syndicales vient de m'être posée par les représentants de tous les groupes politiques de l'Assemblée. Nous la mettons donc à l'étude.

Non, monsieur Sauvadet, l'affaire n'est pas « pliée ». Nous avons été entendus. Nous avons un mois pour décider et je vous propose de vous revoir pour suivre avec vous ce dossier.

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