Intervention de Xavier Darcos

Réunion du 30 avril 2014 à 16h00
Mission d'information sur la candidature de la france à l'exposition universelle de 2025

Xavier Darcos, ancien ministre, président de l'Institut français :

Il convient d'évoquer les conditions matérielles de l'hospitalité ; pour nous autres qui voyageons toutes les semaines, le retour à Paris s'apparente à l'enfer : arriver à Roissy, c'est arriver à Kinshasa lorsque l'on vient d'un grand aéroport du monde. Y aller aussi, d'ailleurs ! Les agressions sur le trajet entre le centre de Paris et Roissy sont un sujet dont les étrangers vous parlent.

L'approche française de la culture repose sur un paradoxe : nous avons souvent montré un intérêt précurseur pour la diversité des cultures, mais nous la théorisons plus que nous la pratiquons. La culture française reste abstraite pour un jeune : lui s'intéresse aux mangas japonais, au rap, à la danse africaine, au cinéma asiatique ou indien, à la danse contemporaine, à l'art contemporain chinois, aux arts primitifs et au design suédois plus qu'aux meubles Louis XIII. Nous sommes donc hospitaliers aux influences étrangères, notre culture est assimilatrice, mais ce phénomène reste méconnu.

Monsieur le président, vous parliez avec justesse de la crainte de la standardisation de la culture, que beaucoup expriment, y compris ceux qui passent leur temps sur Google, parlent à l'américaine et sont fascinés par l'American way of life. Lorsque l'on recherche une alternative à cette standardisation, c'est souvent la France que l'on évoque, notamment en Asie. La motivation de l'apprentissage du français dans de nombreux pays repose sur la volonté de se démarquer de la culture anglo-saxonne. Nous pourrions mobiliser cette ressource, qui ne traduit aucun refus mais qui incarne « l'autre des cultures du monde ».

Les intellectuels français – pas ceux dont les Américains parlent toujours et qui sont morts il y a cinquante ou cent ans comme Jacques Derrida, Michel Foucault, Jean-Paul Sartre ou Roland Barthes – ont débattu de la manière dont le français pourrait s'abstraire de la culture nationale, et de grands écrivains – Jean-Marie Gustave Le Clézio, Michel Le Bris ou Erik Orsenna – ont réfléchi à la création d'une littérature-monde en français, celle qu'attendent les étrangers pour disposer d'une alternative à la domination anglo-saxonne.

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